Messia-sur-Sorne (Jura)

1. Localisation et emprise connue de l’occupation

 

Le village de Messia-sur-Sorne, situé à 3 km au sud de Lons-le-Saunier sur l’actuelle RD 1083, possède sur son territoire communal quelques vestiges témoignant d’une occupation dès la période néolithique. Mais la situation du village sur la voie romaine reliant Lyon à Besançon amène à penser qu’il succède à un premier habitat groupé de l’époque antique. La situation de passage à gué d’une rivière est souvent un secteur propice à ce type d’installation. Les vestiges de cette période sont néanmoins ici inexistants dans ce secteur, dans l’état actuel des recherches.

 

 

2. Cadre naturel

 

Messia-sur-Sorne se trouve au sud de l’agglomération antique de Lons-le-Saunier/Ledona. Le village se développe alors à une altitude moyenne de 275 m dans la vallée de la Sorne, au cœur du Revermont, au pied du premier plateau du massif jurassien. Il est dominé par trois monts : le Tartre (356 m), la Côte de Grand Champ (347 m) et le plateau de Montciel (373 m). La commune est traversée d’est en ouest par la rivière la Sorne, affluent de la Seille. La commune qui compte aujourd’hui 860 habitants est partagée en 3 quartiers : le Petit Messia, la Papeterie et le Grand Messia.

 

 

3. Etat des connaissances

 

Le projet d’un contournement ouest de la ville de Lons-le-Saunier a été l’occasion d’effectuer une première étude documentaire, réalisée en 1997 par L. Jaccottey, sur l’environnement archéologique de l’agglomération antique de Ledona. La commune de Messia-sur-Sorne étant traversée en partie par le projet, L. Jaccottey a pu collecter l’ensemble de la documentation concernant ce territoire. À cette occasion, de nouvelles recherches au sol sont aussi organisées. L’essentiel des découvertes se compose de silex attribuables aux périodes paléolithique ou néolithique. Parmi les plus importants se trouve celui d’En Chassagne (UI n° 7), au sommet d’une petite colline. D’autres silex ont également été découverts à proximité du village (UI n° 6). Au nord de la commune, une première opération de diagnostic, préalable à la construction de la nouvelle route, n’a mis au jour aucune structure, à l’exception d’anomalies du relief liées à des phénomènes karstiques naturels (UI n° 5, hors carte ; Billoin 2011). Plus proche du village, une fouille a cette fois-ci permis la découverte d’un aménagement de captage d’eau durant le premier Age du Fer (UI n° 4 ; Lajoux 2014). Aucune occupation gallo-romaine n’a été décelée lors de ces deux opérations. On signale néanmoins au XIXe siècle la découverte à proximité de la voie Besançon-Lyon de « tuileaux à rebords provenant de constructions romaines » (Jaccottey 1997). Ces vestiges ne sont malheureusement pas localisés, ni décrits plus précisément. Pour terminer, des monnaies sont également signalées sur la commune (UI n° 2).

Par conséquent, les découvertes pouvant permettre de confirmer la présence d’une agglomération au passage à gué de la voie Lyon-Besançon sur la Sorne sont actuellement très faibles, voire inexistantes, malgré un dépouillement documentaire complet. Cet habitat reste donc hypothétique dans l’état actuel des recherches.

 

 

4. Organisation spatiale

 

L’occupation antique du territoire de Messia-sur-Sorne est seulement connue par quelques occupations périphériques, à l’image d’un site à proximité de la voie romaine Lyon-Besançon, non localisé (UD n° 4), et d’un autre au Pré Verdin (UD n° 2). Ce dernier, proche du Grand Messia, se signale seulement par la présence de tuiles au sol (Jaccottey 1997, p. 69).

La commune se caractérise surtout par la présence sur son territoire de la voie antique Lyon-Besançon et de son passage à gué sur la Sorne (UD n° 1). Cette voie passait dans la commune sous le nom de Chemin de la Poste. Selon D. Monnier, depuis Lons-le-Saunier la voie franchissait la côte de Montciel dans sa partie la plus élevée en passant par Montmorot et descendait à Messia jusqu’à la Papeterie. Cette voie, également appelée Chemin des Romains, est d’ailleurs encore visible sur le plan cadastral de 1810 (Jaccottey 1997, p. 68). Au niveau de la Papeterie, semble exister une seconde voie, traversant la Sorne par un pont présumé antique, qui rejoint Courlans puis à Montmorot, l’axe Lons-le-Saunier/Tournus, via Louhans.

           

 

5. Nature et caractérisation de l’occupation

 

En l’absence de données, il est difficile de préciser davantage la nature de l’occupation. Le modeste patrimoine archéologique reconnu de Messia relève surtout de la période antique (Ier-IVe siècle), mais ce dernier pourrait évoquer davantage un paysage rural et un habitat dispersé.

 

 

6. Chronologie et critères de datation

 

Les découvertes sont beaucoup trop restreintes pour pouvoir établir la chronologie d’occupation des sites antiques de Messia-sur-Sorne. Les seuls éléments chronologiques proviennent de monnaies découvertes sur la commune : 1 Vespasien, 2 Antonins (Nerva et Antonin), et 1 Dioclétien. Mais leur petit nombre n’autorise pas de conclusion significative. Cela confirme tout au plus la fréquentation des lieux au cours des quatre premiers siècles de notre ère.

 

 

7. Synthèse sur la dynamique d’occupation

 

L’absence de découverte de mobilier ou de structures au passage à gué de la voie romaine Lyon-Besançon sur la Sorne ne permet pas encore de confirmer la présence d’une agglomération antique de bord de voie sous le bourg actuel. Ce passage à gué reste, dans l’état actuel des recherches, l’indice le plus probant pour situer un habitat groupé à cet endroit. Malheureusement, il n’est pas possible de confirmer la présence de ce site, ni de préciser la nature de l’occupation des sites périphériques.

 

 

8. Perspectives de recherche

 

Le recouvrement urbain moderne empêche aujourd’hui presque toute recherche sur le site de Messia-sur-Sorne.

 

 

9. Bibliographie

 

Billoin 2011 : BILLOIN (D.) – Messia-sur-Sorne, Courlans (Jura), Contournement routier de Lons-le-Saunier, Tranche 4 (Phase A), SRA Franche-Comté, Besançon, 2011.

 

Jaccottey 1997 : JACCOTTEY (L.) – Lons-le-Saunier, Jura, contournement, Etude documentaire sommaire, SRA Franche-Comté, Besançon, 1997.

 

Lajoux 2014 : LAJOUX (J.-B.) – Aménagement d’un captage d’eau au premier âge du Fer et indices d’occupation médiévale, SRA Franche-Comté, Besançon, 2014.

 

Monnier 1855 : MONNIER (D.)Carte gallo-romaine du département du Jura, Annuaire du Jura, 1855, p. 132-196.

 

Rothé 2001 : ROTHE (M.-P.) – Messia-sur-Sorne, Carte Archéologique de la Gaule : Le Jura 39, Académie des Inscriptions et des Belles Lettres, Paris, 2001, p. 493-494.

Loïc Gaëtan

Illustrations Messia sur Sorne