Auxonne (Côte-d’Or)

1. Localisation et emprise connue de l’occupation

Une agglomération antique est supposée sous le centre-ville actuel d’Auxonne, ville aujourd’hui située en Côte-d’Or, sur la rive gauche de la rivière de la Saône. Celle-ci est seulement supposée grâce à l’emplacement « stratégique » de ce point de passage à gué et grâce aux quelques découvertes qui ont eu lieu dans ce secteur depuis le XIXe siècle. Aucune structure d’habitat, de centre public ou cultuel n’est venue aujourd’hui attester de cette présence. L’agglomération se développerait ainsi à un carrefour de voies, sur la rive gauche de la Saône, où existait un gué. La voie est-ouest permet de relier Dijon, alors que la voie nord-sud, correspond à la voie longeant la Saône de Châlon à Seveux. La ville se trouve non loin de la limite entre Lingons et Séquanes, mais on ne peut déterminer avec précision la cité à laquelle elle appartenait.

Étant donné l’état actuel des recherches sur Auxonne, l’étendue de l’agglomération n’est absolument pas connue, mais elle doit se concentrer seulement sous le centre-ville actuel.

 

 

2. Cadre naturel

 

2.1. Topographie, Géologie, Hydrographie

Auxonne est située sur la rive gauche de la Saône, sur un léger promontoire d’une altitude de 187 m maximum. Ce promontoire est délimité au nord, au sud et à l’est, par de petits ruisseaux formant une confluence avec la Saône. Cette topographie peut éventuellement fournir une limite à l’agglomération.

 

 

3. Etat des connaissances

 

3.1. Sources

La plus ancienne mention de la ville date de 630 sous le nom d’Assona (Chronique de Bèze). Cette forme latine est la forme féminine du nom Assonus ou provient peut-être d’une racine pré-latine Aliso à valeur hydronimique.

Les données archéologiques récentes font totalement défaut. En revanche les découvertes anciennes sont nombreuses et ont fait l’objet d’une monographie parue en 1926 (Vercier 1923-1926, p. 163-170). Depuis, un travail de maîtrise réalisé par P. Laurent en 1992 a permis de relocaliser certaines découvertes (Laurent 1992, p. 53), de même que l’article qui lui est consacré en 1994 dans Mangin et alii.

 

3.2. Historique des recherches

L’essentiel des découvertes réalisées à Auxonne a été fait au cours du XIXe siècle, et au tout début du XXe siècle, notamment dans les années 1920 lors de travaux d’installation de réseau d’eau potable. Ces découvertes concernent principalement du mobilier et très peu de structures, à part quelques tronçons de rues, rue des Halles. Les autres structures découvertes sont tellement ténues qu’il est extrêmement difficile de les interpréter dans l’état.

Une des premières découvertes mentionnées dans la littérature apparaît en 1842 où on découvrit, dans les fondations de la maison Berthet, au sud de la Place d’Armes, « une grande quantité d’amphores ou urnes cinéraires de différentes grandeurs ». Cl. Pichard ajoute que « les nombreux restes d’urnes cinéraires, trouvées dans la maison Berthet, étaient en telle quantité que l’on eut pu en charger une voiture ; plusieurs fragments portaient les lettres SPQR » et il conclut à « un cimetière romain » (UI n° 14). Non loin de là, rue de la Paix, le même auteur signale en 1853 de nouvelles découvertes d’ossements (UI n° 15). Ensuite, sur la Place d’Armes, lors du creusement de tranchées pour l’eau potable, F. Vercier a découvert en 1923, 1 as de Néron, 1 monnaie de Gordien III, des anses et tessons d’amphores, de « nombreux débris » de sigillées, de tegulae et d’imbrices… (UI n° 6, 12-13) ; autant d’indices d’habitats antiques. Les découvertes ne vont pas se limiter à ces quelques lots de mobilier puisque dans les années 1920, Vercier va également signaler « un plancher formé de rondins en bois (diam. 4 à 6 cm) pour « traverser un creux » (une zone humide), ou encore, au niveau de la maison Vuillemot, de « gros pieux enfoncés à 2,80 m ». F. Vercier envisageait l’hypothèse d’une « palissade de pieux » ou peut-être simplement des pilotis pour des fondations d’habitats en milieu humide (UI n° 9). Ces éléments de bois sont signalés sans autres précisions, on ne peut donc pas les interpréter avec certitude. Ils ne sont pas datables non plus, puisqu’il n’est pas précisé si du mobilier a été retrouvé à proximité.

En 1962, lors des travaux du tout-à-l’égout rue Guébriant, le curé Coinier (?) a trouvé à une profondeur de 3 m, un pied droit (long. 25,5 cm x haut. 28,5 cm x larg. 11 cm) chaussé d’une bottine en calcaire. Pour E. Rabeisen, ce pied cambré pourrait provenir d’une statue équestre (UI n° 7). Ce fragment est aujourd’hui conservé au Musée Archéologique de Dijon (Inv. 994-13-1). Une surveillance de travaux a eu lieu à l’intérieur de l’église d’Auxonne en 1996 (UI n° 4). À cette occasion fut découvert un ensemble de murs monumentaux qui pourrait appartenir à la période antique. Nous nous situons là à proximité du croisement des deux voies antiques traversant Auxonne.

L’ensemble de ces découvertes est ainsi plutôt épars et sans aucun lien direct ; il va donc être assez difficile par la suite de pouvoir avancer des hypothèses sur l’organisation spatiale de l’agglomération, sur ses activités artisanales ou sa chronologie d’occupation.

4. Organisation spatiale

 

L’agglomération est limitée à l’ouest par la Saône, par une nécropole à l’est (au sud de l’actuelle Place d’Armes ; UD n° 14-15), l’extension au nord comme au sud reste inconnue. La localisation des lieux de découvertes fortuites répertoriés par F. Vercier (1923-1926, p. 166) montre que la plus grande partie de la ville de l’époque moderne recouvre le site antique. Elle laisse deviner une structuration de l’agglomération selon un axe nord-sud qui doit être dicté par la voie de rive gauche, Châlon-Seveux. Toutefois, l’existence d’hypothétiques portions de rues montre qu’il ne s’agit pas d’une simple agglomération routière déployée le long d’un axe unique.

Les découvertes de mobilier faites au nord-ouest, au lieu-dit Champs des Pierres (UD n° 18) doivent plus correspondre à un établissement rural le long de la voie romaine, qu’à une extension nord de l’agglomération.

           

 

5. Nature de l’occupation et pertinence des éléments de caractérisation

 

Si ce n’est des traces d’habitat, nous ne possédons aucune preuve directe des activités que pouvait accueillir l’agglomération d’Auxonne. Si un artisanat s’est développé, il a échappé au hasard des découvertes.

Toutefois, la présence de nombreuses amphores dans le centre-ville, les découvertes faites par les dragueurs dans la rivière ainsi que la localisation du site en bordure d’une voie d’eau permettent d’envisager la présence d’un port à Auxonne. Cependant les preuves semblent moins déterminantes qu’à Pontailler ou Seurre, en particulier la récolte des dragages n’est pas très pertinente.

L’agglomération gallo-romaine d’Auxonne fut dans tous les cas très certainement un relais routier avec une fonction commerciale qui s’y est développée en lien avec la route et la rivière.

 

 

 

6. Chronologie et critères de datation

 

En l’absence de fouilles et de découvertes récentes, il est très difficile d’établir une chronologie d’occupation du site d’Auxonne.

 

6.1. Haut-Empire

Lors des destructions des fortifications de l’époque moderne, d’importantes séries monétaires ont été découvertes. Nous savons seulement que celles-ci s’échelonnent d’Auguste à Constance-Chlore. Il s’agit là des seuls éléments de datation retrouvés à Auxonne pour la période antique. Ainsi, l’agglomération semble occupée du Ier au IVe siècle de notre ère.

 

6.3. Bas-Empire

L’occupation de l’agglomération paraît perdurer jusqu’au IVe siècle d’après les lots monétaires découverts lors de l’arasement des fortifications modernes de la ville.

 

 

7. Synthèse sur la dynamique d’occupation

 

La ville d’Auxonne, tout comme d’autres villes de bord de Saône, est née de sa position de carrefour routier et fluvial. Même si les éléments de caractérisation et de datation de l’habitat sont extrêmement ténus, l’agglomération se développe du Ier au IVe siècle de notre ère à un carrefour de voies, sur la rive gauche de la Saône. Une activité portuaire semble également se développer à cet emplacement, sans aucune preuve directe.

L’étude du site d’Auxonne est ainsi assez complexe vu l’état actuel des recherches. Nous pouvons seulement avancer quelques hypothèses suite à des découvertes effectuées il y a plus d’un siècle. La pertinence des éléments de caractérisation est donc discutable.

 

 

8. Perspectives de recherche

 

Il paraît maintenant difficile, voire impossible d’en savoir plus sur l’organisation spatiale et la caractérisation de l’occupation du site antique d’Auxonne. Les recherches sont dans tous les cas complexes du fait de la superposition des villes antiques et modernes. Seule une fouille préventive dans le centre-ville pourrait encore peut-être nous sauver de cette situation délicate où la documentation et les découvertes restent faibles.

 

 

9. Bibliographie

 

Bénard, Mangin, Goguey, Roussel 1994 : BENARD (J.), MANGIN (M.), GOGUEY (R.), ROUSSEL (L.) – Les agglomérations antiques de Côte d’Or, Annales Littéraires de l’Université de Besançon, Paris, 1994, p. 115-117.

 

Camp 1960 : CAMP (P.) – Histoire d’Auxonne au Moyen-Age, Dijon, édité par l’Association Bourguignonne des Sociétés Savantes, 1960, 461 p.

 

Laurent 1992 : LAURENT (P.) : L’occupation gallo-romaine dans la vallée de la Saône entre Pontailler-sur-Saône et Verdun-sur-le-Doubs, Mémoire de maîtrise, Université de Bourgogne, Dijon, 1992, 261 p.

 

Mignard 1857-1860 : MIGNARD (P.) – Compte-Rendu des travaux de la Commission départementale des Antiquités de la Côte d’Or du 1er août 1856 au 1er août 1857, Mémoire de la Commission des Antiquités de la Côte-d’Or, t. 5, 1857-1860, p. I-XXIX.

 

Provost et alii 2009 : PROVOST (M.) – Auxonne, Carte Archéologique de la Gaule : La Côte d’Or 21/2, Académie des Inscriptions et des Belles Lettres, Paris, 2009, p.36-38.

 

Vercier 1922-1926 : VERCIER (F.) – Vestiges de l’époque gallo-romaine à Auxonne, Mémoire de la Commission des Antiquités de la Côte-d’Or, t. 18, 1922-1926, p. 163-170.

Loïc Gaëtan

Illustrations Auxonne