Cousance (Jura)

1. Localisation et emprise connue de l’occupation

 

Le site de Cousance, situé dans le Jura, possède les mêmes caractéristiques géographiques que celui de Saint-Amour, 13 km plus au sud. Le village actuel se développe de part et d’autre de la rivière de la Gizia, au pied du massif jurassien. Sur le territoire communal se trouvent quelques vestiges appartenant à une occupation antique correspondant à au moins deux établissements ruraux distincts. Situé au sud-ouest de la cité Séquane durant l’Antiquité, un habitat groupé a pu se développer au passage à gué de la voie Lyon-Besançon sur la rivière. Les traces de cette occupation font aujourd’hui malheureusement défaut malgré les nombreuses découvertes anciennes de mobilier, non localisées.

 

 

2. Cadre naturel

 

Cousance se développe au sud-ouest de la Franche-Comté, à cheval sur les premières pentes du Revermont et de la Bresse comtoise. Le village est traversé par la Gizia, rivière qui prend sa source sur la commune. Cette rivière est un sous-affluent de la Seille, par le Solnan. La commune est alors limitrophe du département de Saône-et-Loire. Son altitude varie entre 197 m, pour la partie dans la plaine, et 320 m, à l’est sur les premières pentes du Jura.

 

 

3. Etat des connaissances

 

Les travaux réalisés dans le secteur de la gare depuis le début du XIXe siècle ont livré d’importants vestiges, sans aucun doute attribuables à un établissement rural antique. Dès en 1829 (UI n° 3), avait été trouvée dans ce secteur une statuette en bronze représentant une Victoire ainsi qu’un squelette avec une épée en fer (Guichard 1867, p. 120). Cette première trouvaille démontre finalement l’existence de deux sites d’époque différente. Dans les années suivantes, les travaux menés lors de la réalisation de la gare et des structures annexes vont mettre au jour une partie de la nécropole du haut Moyen-Age. Ainsi en août 1866 (UI n° 5), les ouvriers découvrent entre « 13 et 20 sépultures » à inhumation au milieu de vestiges antiques (céramiques, monnaies, tuiles, tuileau…) (Guichard 1867, p. 5). Ces vestiges sont confirmés par la découverte en 1982 de structures et de mobilier dans les parcelles en cours d’aménagement au sud de la gare (UI n° 1 ; info SRA). Cet ensemble constitue l’occupation la mieux connue sur le territoire de Cousance, au détriment d’un potentiel site d’habitat groupé sous le bourg moderne. Une synthèse des découvertes est réalisée par l’abbé Guichard en 1867 en s’intéressant à la voie romaine Lyon-Besançon. Une occupation similaire est repérée au cours du XIXe siècle au sud de la commune Aux Rafourgs. Une petite nécropole mérovingienne est alors attestée au milieu de vestiges antiques (UI n° 8).

Il faut enfin noter la découverte de nombreuses monnaies sur la commune (UI n° 10). Malheureusement, il est impossible de les localiser ; elles ont seulement été inventoriées par V. Corbet en 1868. Ces données ne nous apportent ainsi aucune information sur la potentielle agglomération de bord de voie située sous le village de Cousance.

 

 

4. Organisation spatiale

 

L’occupation de Cousance est seulement connue par ses établissements ruraux, au nombre de deux, dans l’état actuel des recherches. Ces derniers ont été repérés au niveau de la Gare (UD n° 3) et Aux Raffourgs (UD n° 6). Nous possédons néanmoins très peu d’informations sur ces vestiges. À la fin de l’Antiquité et au début du haut Moyen-Age, des nécropoles isolées sont installées dans les ruines de l’habitat (UD n° 4 et 6).

L’habitat groupé antique présumé (UD n° 5 ?) sous le bourg se développerait au passage à gué de la voie Besançon-Lyon (UD n° 1) sur la rivière de la Gizia. Sur la rive droite de la rivière se trouve d’ailleurs un carrefour routier avec une voie provenant du Jura et se dirigeant vers Louhans (UD n° 2), en rejoignant l’axe Arinthod-Louhans (Rousset 1853-1858, 2, p. 11).

           

 

5. Nature et caractérisation de l’occupation

 

Les seuls indices d’un artisanat proviennent de l’occupation antique présente à la Gare de Cousance (UD n° 3). En 1982, des travaux dans la zone artisanale vers la gare mettent au jour des vestiges d’argile rubéfiée qui furent interprétés par Y. Jeannin comme témoin d’un atelier de tuilier gallo-romain (Info SRA). Le manque de données sur ce secteur ne permet pas de confirmer cette hypothèse. Néanmoins, au XIXe siècle les ouvriers avaient déjà repéré un niveau de terre noire « imprégné de charbons de briques et même de vert-de-gris » (Guichard 1867, p. 5).

 

 

6. Chronologie et critères de datation

 

En l’absence de fouilles et de découvertes récentes, il est très difficile d’établir une chronologie d’occupation ; les données peuvent s’appuyer sur l’abondant mobilier numismatique mis au jour sur la commune.

 

6.1. Haut et Bas-Empire

Selon V. Corbet (1868, p. 34, 36, 47-48, 66, 67, 88) les monnaies découvertes sur la commune démontrent une occupation allant du Ier au IVe siècle de notre ère : 1 monnaie de la République (D/ tête de Pallas à droite avec le casque ailé ; R/ Mars casqué dans un quadrige et à côté « Nérienne ») ; 1 quinaire de la République ; et 120 monnaies romaines conservées à l’époque par un amateur. Parmi celles-ci nous retrouvons 1 sesterce et 4 as d’Auguste ; 1 as de Tibère ; 1 as d’Antonia ; 2 as de Claude ; 4 as de Néron ; 3 as de Vespasien ; 1 as de Titus ; 4 as de Domitien ; 1 as de Nerva ; 1 denier et 4 as de Trajan ; 1 denier, 8 sesterces et 4 as d’Hadrien ; 1 sesterce d’Aelius César ; 7 sesterces, 4 as, 2 petits bronzes d’Antonin ; 4 sesterces de Faustine I ; 3 sesterces et 4 as de Marc-Aurèle ; 3 sesterces et 1 petit bronze de Faustine jeune ; 1 sesterce de Lucius Verus ; 1 denier, 2 sesterces, 2 as de Commode ; 1 as de Septime Sévère ; 1 as d’Alexandre Sévère ; 1 sesterce de Mamaea ; 1 antoninianus et 3 sesterces de Gordien ; 4 antoniniani de Gallien ; 1 antoninianus de Salonine ; 1 antoninianus de Postume ; 2 antoniniani de Victorin ; 3 antoniniani de Claude II ; 3 antoniniani d’Aurélien ; 2 petits bronzes de Probus ; 2 folles de Dioclétien ; 3 folles et 2 demi-folles de Maximien ; 3 folles de Constance Chlore ; 1 follis de Galère ; 1 grand bronze de Maxence ; 1 grand bronze de Decentius ; 3 folles, 2 demi-folles et 1 petit bronze de Constantin ; 2 grands bronzes de Magnence ; 1 petit bronze de Julien l’Apostat ; 2 petits  bronzes de Gratien.

Malgré les données importantes fournies par ces monnaies, il est impossible de dire si celles-ci proviennent de découvertes sous le village actuel.

 

7. Synthèse sur la dynamique d’occupation

 

 

Les vestiges plaidant pour la présence d’une agglomération antique sous le bourg de Cousance sont totalement absents, en l’absence de recherches sur le site. Le passage à gué de la voie romaine reliant Lyon à Besançon sur la Gizia reste aujourd’hui l’indice le plus probant pour situer un habitat groupé à cet endroit. La voie forme également un carrefour avec une voie secondaire reliant Louhans, et la Bresse, au haut massif jurassien. Le mobilier numismatique issu des différentes découvertes sur la commune fournit un faciès chronologique d’occupation entre le Ier et le IVe siècle de notre ère. Un habitat rural semble se développer dans la plaine bressane sur le territoire communal de Cousance, illustré notamment par deux établissements Aux Raffourgs et à la Gare. Ces derniers sont d’ailleurs tous les deux réutilisés comme nécropole au haut Moyen-Age. Malheureusement, dans l’état actuel des recherches, il n’est pas possible de préciser davantage la nature de l’occupation sous le bourg.

 

 

8. Perspectives de recherche

 

Il paraît maintenant difficile, voire impossible d’en savoir plus sur l’organisation spatiale et la caractérisation de l’occupation du site antique de Cousance du fait du recouvrement urbain entre l’occupation antique et le village médiéval. Un suivi des travaux et des aménagements dans ce secteur semble donc primordial pour étoffer le dossier documentaire.

 

 

9. Bibliographie

 

Corbet 1868 : CORBET (V.) – Notice archéologique sur les monnaies anciennes et quelques objets antiques trouvés sur le sol de Saint-Amour et dans ses environs, Impr. Gauthier, Lons-le-Saunier, 1868, 88 p.

 

Guichard 1867 : GUICHARD (A.) – Mémoire sur la voie romaine du Rhin à Lyon entre Lons-le-Saunier et Coligny, Académie des Sciences Belles-Lettres et Arts de Besançon, 28 janvier 1867, 1867, p. 117-140.

 

Rothé 2001 : ROTHE (M.-P.) – Cousance, Carte Archéologique de la Gaule : Le Jura 39, Académie des Inscriptions et des Belles Lettres, Paris, 2001, p. 328-329.

Loïc Gaëtan

Illustrations Cousance