Equevillon (Jura)

1. Localisation et emprise connue de l’occupation

L’agglomération antique est localisée au sommet d’un relief, le Mont Rivel, culminant à 812 mètres d’altitude. Située sur la partie orientale du plateau, elle s’étend sur au moins sept hectares, depuis le bord dominant Equevillon au sud-est jusqu’à celui dominant Vannoz au nord-est. Elle jouit d’une position idéale dans le paysage environnant, surplombant l’ensemble du plateau de Champagnole et la vallée de l’Angillon.

La pâture et la polyculture pratiquées sur Mont Rivel depuis le XVIIIe siècle avaient préservé le relief qui restait peu boisé, voire nu à certains endroits. À partir de 1970, l’exploitation agricole cesse et la végétation reprend ses droits sur le plateau et les pentes. Aujourd’hui, ils sont recouverts par la forêt et par des taillis très denses et impénétrables. La prospection y est donc relativement limitée mais on a pu déterminer que l’agglomération antique s’étend à la fois vers le sud-ouest et sur les pentes nord, où des terrasses aménagées probablement à l’époque romaine ont été identifiées (UD 8). Il apparaît par ailleurs que l’accès au site s’effectuait par le nord, les pentes est et ouest n’ayant montré à ce jour aucun aménagement particulier. L’accès par le nord est facilité par un dénivelé moins important que sur les autres pentes et permet également de faire le lien direct avec l’agglomération antique de Saint-Germain-en-Montagne avec laquelle le Mont Rivel forme une double structure urbaine.

2. Cadre naturel

2.1. Topographie, géologie

Le Mont Rivel est une butte témoin formée au cours des glaciations qui ont affecté le secteur durant le Quaternaire. Similaire à un tétraèdre tronqué, il domine le plateau de Champagnole et constitue un repère dans le paysage de plaine qui l’environne. Il se caractérise par des pentes très marquées rendant son accès difficile et un sommet relativement plat d’une trentaine d’hectares, légèrement déclive vers le sud, idéal à l’édification d’une agglomération. Le plateau calcaire est parcouru de failles et de lapiaz dans lesquels ont été retrouvés, suite aux ravinements, des éléments mobiliers notamment laténiens.

Si l’on connaît le Mont Rivel pour son site archéologique, il est également réputé pour son faciès géologique qui a fait de Champagnole une ville industrielle prospère pendant plus d’un siècle. Les marnes grises argoviennes qui constituent l’essentiel du matériel géologique de la montagne ont été exploitées depuis le milieu du XIXe siècle pour produire de la chaux et du ciment. C’est l’exploitation de ce matériau qui entraînera les campagnes de fouilles archéologiques sur le plateau à partir de la fin des années 1970.

2.2. Hydrographie

Une seule source est répertoriée sur le plateau de Mont Rivel : elle est localisée à proximité des ruines du château médiéval, sur la pointe sud du plateau. Le territoire de la commune est quant à lui délimité à l’est par la Londaine et deux biefs : le bief de la Fenu et le bief du Malu.

3. Etat des connaissances

 3.1. Sources

Le site de Mont Rivel est connu depuis le milieu du XIXe siècle par des sources littéraires et quelques fouilles clandestines mal localisées (UI 12 et 13). La littérature ancienne est particulièrement abondante mais les auteurs sont peu objectifs et imprègnent leurs textes d’un certain romantisme qui altère la perception archéologique de l’agglomération (Monnier 1842, Clerc 1847, Rousset 1855, Sébile 1901, Monnier et Jobez 1905, Tyne 1955). Jusqu’au XXe siècle, les textes ne sont que des reprises d’autres écrits plus anciens, sans jamais ou presque y apporter d’éléments nouveaux. Mont Rivel est décrit comme un écrin de civilisation surgissant d’un environnement hostile et inoccupé : sa position géographique idéale constituerait un pôle d’attractivité ayant entraîné une occupation continue depuis la période gauloise, avec l’implantation d’un oppidum, jusqu’au Moyen-Age avec l’édification du château sur la pointe sud-est. La caractérisation et la datation du site ne reposent que sur le critère topographique et les observations superficielles des vestiges affleurants.

Les principales sources de documentation sur l’agglomération antique sont fournies par les fouilles réalisées entre 1978 et 1991 (UI 3, 4 et 5) ainsi que par les campagnes de prospection de D. Vuaillat en 1966 (UI 1) et J.-L. Odouze en 1969 (UI 2). Un travail universitaire récent (Lefebvre 2014) et une série de prospections et de relevés topographiques réalisés récemment (UI 9, 19 et 20) ont permis de compléter la documentation et de réviser certaines données, notamment chronologiques.

3.2. Historique des recherches

Depuis le XIXe siècle jusqu’aux années 1970, le plateau de Mont Rivel a fait l’objet de fouilles clandestines, la plupart du temps mal localisées (Mercier 1978, p. 1 – 2). Dans le dernier quart du XIXe siècle, C. Prost, directeur des Archives de France et originaire de Champagnole, aurait entrepris une fouille sur le plateau dont on ne connaît ni l’ampleur ni la localisation exacte (UI 12). On suppose cependant qu’elle aurait intéressé le temple octogonal, et plus particulièrement la cella, comme en témoigne l’importante dépression qui marque son emplacement et qui est encore visible aujourd’hui. Après la Seconde Guerre mondiale et jusqu’à la fin des années 1970, plusieurs chercheurs et archéologues amateurs de la région de Champagnole exhument de nombreux restes attestant l’existence d’une occupation gallo-romaine. À la fin des années 1950, l’installation d’une ligne à haute tension au sommet de la montagne pousse plusieurs personnes, parmi lesquelles des membres des familles champagnolaises Morilhat et Raton, à fouiller dans des coupes faites dans des taillis (UI 13). Aucun document ni témoignage ne permet de connaître l’emplacement exact de ces fouilles clandestines. Quant aux objets découverts, ils ont été partiellement déposés au musée archéologique de Champagnole.

Comme pour la plupart des sites archéologiques localisés en contexte rural dans des zones géographiques éloignées, la genèse des fouilles au Mont Rivel est liée à des opérations de sauvetage articulées autour de travaux d’infrastructures ou de chantiers industriels. Ici, l’essentiel de la recherche est entièrement dépendant de la carrière à ciel ouvert qui occupe le tiers ouest du plateau. Les calcaires concrétionnés de Mont Rivel sont exploités depuis le milieu du XIXe siècle par galerie souterraine. Le 27 juillet 1964, l’effondrement d’une galerie d’exploitation emprisonnant quatorze ouvriers sous la montagne entraîne la fermeture des galeries souterraines et l’ouverture, la même année, d’une carrière à ciel ouvert sur le flanc ouest de la montagne. Cette dernière représentant une menace pour les vestiges archéologiques est à l’origine des premières fouilles de sauvetage au sommet du plateau.

À partir du milieu des années 1960, la Circonscription des Antiquités, alertée par les risques de destruction qui pèsent sur les vestiges de Mont Rivel, décide de programmer une série de prospections destinées à déterminer l’étendue des vestiges et le potentiel destructeur de la carrière sur les structures archéologiques. La première de ces reconnaissances est confiée en 1966 à D. Vuaillat (UI 1) : menée sur l’ensemble du plateau, la prospection confirme l’existence d’une importante occupation gallo-romaine dont l’intérêt scientifique ne fait aucun doute, mais qui n’est pas menacée dans l’immédiat par les travaux de la carrière (Vuaillat 1966). Il mentionne également l’existence d’un éperon barré qu’il localise tantôt sur la pointe ouest, tantôt sur la pointe nord (UD 15 et 18). En 1969, face à la progression du front de taille, J.-L. Odouze entreprend à son tour une prospection à l’extrémité sud-est du plateau où ont été repérés les vestiges d’une tour en ruines (UI 2) : il y découvre les structures d’un bâtiment imposant implanté à proximité de la rupture de pente méridionale, dominant de ce fait le plateau de Champagnole. En 1971, accompagné des membres de la section d’archéologie de la Société d’Émulation du Jura, il entreprend une série de sondages sur ce bâtiment et exhume les vestiges d’un bâtiment octogonal qu’il identifie comme un temple gallo-romain (UI 3 ; UD 3). Malgré cette découverte majeure, aucune fouille archéologique extensive n’est entreprise. Les risques de destruction qui pèsent sur les vestiges archéologiques ne sont pas jugés suffisamment préoccupants, compte tenu de la faible progression du front de taille de la carrière. À partir de 1975, la multiplication des grands chantiers en Franche-Comté accroît la demande de matériau d’enrochement et accélère l’exploitation de la carrière champagnolaise, augmentant de ce fait les risques de destruction du site. En 1978, le docteur Mercier entreprend, avec les membres de la jeune association culturelle locale « La Vouivre Champagnolaise », une série de douze sondages répartis de part et d’autre de la ligne à haute tension qui traverse le Mont Rivel (UI 4 ; Mercier 1978). La plus importante série de sondages occupe le secteur situé au nord / nord-ouest de la ligne électrique ; c’est dans cette zone en effet que se développe la carrière et que les tirs de mines menacent de détruire en priorité les structures. La seconde zone de sondages est située au sud/sud-est, dans une zone de passage qui menace d’être bouleversée par les passages répétés des engins de la carrière. L’ensemble des sondages et le mobilier recueilli confirment l’existence d’une occupation gallo-romaine, dont les niveaux archéologiques ont été remaniés jusqu’à la roche de base par la mise en valeur intensive des terrains pour la pâture et les labours dès le XIe siècle. La nécessité d’engager des fouilles de sauvetage pour préserver la mémoire du site apparaît alors primordiale. À partir de 1979 et jusqu’en 1990, le site de Mont Rivel bénéficie d’une recherche suivie sous la forme de fouilles de sauvetage programmées dirigées par F. Leng, président de « La Vouivre Champagnolaise » (UI 5). Elles prennent pour point de départ les structures exhumées en 1978 dans la partie occidentale du plateau où les risques de destruction sont les plus manifestes. Durant les premières années, les recherches vont se concentrer sur ce secteur et mettre en évidence un quartier principalement artisanal où se développent des activités métallurgiques et agro-pastorales (UD 12, 13 et 14). Les fouilles se développent par la suite sur l’ensemble du secteur oriental du plateau, couvrant au terme des campagnes successives une surface d’environ sept hectares. Les recherches de F. Leng sont complétées en 1989 par une campagne de fouille et prospection dirigée par F. Charlier (UI 10) dont l’emprise de 980 m² occupe une zone précédemment étudiée de manière partielle par F. Leng, en 1988 (Charlier et Leng 1989, p. 4). Parallèlement, une opération de télédétection électromagnétique est engagée sur l’intégralité du plateau (UI 11 ; Leng, 1989 p. 43-54) ; supervisée par la société MATRA, elle fait intervenir un avion doté d’une installation radiométrique destiné à enregistrer les anomalies magnétiques du terrain. Le balayage de la zone a fourni deux images, l’une en noir et blanc, l’autre infra-rouge. On y voit apparaître plusieurs structures jusqu’alors inconnues notamment à l’ouest et au nord-est de la ferme du Replain (Leng, 1989, p. 54). À l’est, un ensemble de structures alignées très serrées a été mis en évidence, tandis qu’à l’ouest, plusieurs longs murs semblent former la limite de l’agglomération. En 1990, la production de la cimenterie diminue. L’impact destructeur de la carrière sur les structures archéologiques est réduit, jusqu’à devenir inexistant provoquant l’arrêt des fouilles en 1991. Une ultime campagne de diagnostic archéologique est engagée en 1991 et placée sous la direction d’E. Llopis (UI 6). Engagé sur l’ensemble de la partie orientale du plateau, le diagnostic a pour objectif principal d’évaluer l’importance des structures archéologiques et les limites de l’agglomération. Réalisé sous la forme de grandes tranchées (Llopis, 1991, p. 16), il couvre une surface de un hectare environ depuis le sud-ouest jusqu’à la bordure nord-ouest du plateau.

En 1994, préalablement au rebouchage du site, une dernière opération archéologique est engagée par la DRAC sur le temple rectangulaire (UI 8). Placée sous la direction de V. Viscusi, en collaboration avec J.-C. Barçon et Y. Baudouin, l’étude consiste à compléter les relevés de structures partiellement effectués par F. Leng et J.-C. Barçon en 1986 et 1987 et à préciser la chronologie relative du monument. Le temple rectangulaire, inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1988, est le seul bâtiment encore visible sur le site. Une structure métallique, installée au milieu des années 1990, le protège des intempéries et des dégradations volontaires.

La fermeture de la cimenterie le 27 janvier 1995 clôt l’aventure archéologique et industrielle du Mont Rivel. Depuis l’arrêt de l’exploitation de la carrière, aucune opération archéologique ni aucune étude de terrain n’ont été entreprises sur le site.

L’ensemble de ces fouilles a été complété par deux travaux universitaires (Comte 1997 ; Lefebvre 2014). Ce dernier a permis le renouvellement des données sur l’agglomération antique et l’actualisation des données chronologiques grâce à l’étude du mobilier numismatique, céramique et amphorique. La mise en place du PCR agglomérations antiques de Bourgogne, Franche-Comté et Champagne méridionale a engendré une nouvelle dynamique de recherche sur l’agglomération : plusieurs travaux ont été engagés en 2015 parmi lesquels un relevé topographique des bâtiments visibles réalisé par P. Barral (UI 19) et une prospection systématique du plateau et des pentes par P. Nouvel et P. Lefebvre (UI 20).

4. Organisation spatiale

 4.1. Voirie

La voirie interne à l’agglomération est peu documentée par les fouilles. Le réseau viaire principal et les rues secondaires se devinent à travers le plan restitué des campagnes de fouilles successives (UD 11). Un axe principal orienté nord-est / sud-ouest constitue le cœur de l’agglomération antique. Il se dédouble en deux voies parallèles autour du temple rectangulaire et de son aire cultuelle : l’une à l’ouest large d’une dizaine de mètres et l’autre à l’est dont la largeur varie entre 20 et 30 mètres. Ces deux axes se rejoignent au sud pour former une grande place qui n’a fait l’objet d’aucun sondage et dont la fonction reste aujourd’hui hypothétique (UD 19). De petites ruelles perpendiculaires à cet axe principal desservent les quartiers résidentiels et artisanaux. Enfin, il a été observé que les différents corps de bâtiments sont systématiquement séparés par de petits ambitus larges en moyenne de 80 cm.

L’accès à l’agglomération, rendu difficile par le dénivelé important, s’effectuait très certainement par le nord. Des observations anciennes et de récentes prospections (UI 20) ont confirmé cette hypothèse. Une large voie avec deux fossés bordiers a été identifiée sur le flanc nord (UD 9): son tracé approximativement rectiligne aboutit à proximité des bâtiments localisés au nord de l’agglomération et dévolus à l’accueil des attelages et des pèlerins en visite sur le sanctuaire. Dans la partie haute, au niveau du débouché de la voie à travers la barre rocheuse de Mont Rivel, a été observé un dallage de pierres plates marquant un tronçon de cette voie d’accès. La bibliographie ancienne fait état d’autres voies et chemins creux pouvant correspondre à des sens uniques ou des voies de déchargement destinées à désengorger le trafic et faciliter l’ascension ou la descente du massif (UD 10 ; Conti 1991, p. 18-19).

 

4.2. Bâti

Plusieurs quartiers ont été mis en évidence au cours des quatorze années de fouilles. Ils présentent des fonctionnalités différentes mais sont tous organisés autour d’une trame viaire très régulière dominée par l’axe central à vocation religieuse.

 

               4.2.1. Quartier nord (UD 5 et 6)

Ce quartier, partiellement étudié, est localisé à proximité de la voie d’accès à l’agglomération antique (UD 9). On y a découvert deux grands ensembles bâtis : le premier au nord-est est une construction complexe remaniée de nombreuses fois entre le Ier et le IIIe siècle (UD 6). L’analyse du mobilier a permis de déterminer sa fonction d’écurie puisque ce ne sont pas moins de 97 éléments de harnachement qui ont été répertoriés. Le deuxième bâtiment (UD 5), situé à l’est du précédent, présente un plan partiel rectangulaire composé de quatre pièces séparées par un couloir et adjointes à l’ouest d’une galerie longue de 17 mètres. Ce plan est similaire aux hospitalia découverts au Champ des Tras à Villards d’Héria et nous permet d’identifier le bâtiment comme un lieu d’hébergement pour les visiteurs et les pèlerins.

 

               4.2.2. Quartier nord-ouest (UD 12, 13 et 14)

Les structures dégagées au nord-ouest, au plus près de la carrière, couvrent environ un hectare et forment un ensemble homogène. Elles sont implantées sur une bande de terrain délimitée au nord par un grand mur conservé sur 250 mètres. La limite sud n’a pu être déterminée car les engins de la carrière ont procédé à un grand décapage de la zone et détruit une grande partie des vestiges. Aucun îlot ne se distingue clairement : il s’agit davantage d’un grand ensemble résidentiel et artisanal, ayant fait l’objet de nombreux remaniements depuis le Ier siècle et dont les différents espaces sont séparés par de petits ambitus. Si la compréhension du bâti a pu être appréhendée à l’est de ce secteur, il n’en est pas de même vers l’ouest où la recherche est très lacunaire et où nous devons nous contenter de quelques pans de murs isolés découverts à l’occasion de sondages.

 

               4.2.3. Quartier sud-ouest (UD 16)

Ce quartier n’a été que partiellement fouillé sous la forme de sondages (Leng 1989 ; Llopis 1991) et ne révèle aujourd’hui qu’un plan incomplet des structures. D’un point de vue fonctionnel, elles restent difficiles à interpréter. Localisées au sud du secteur artisanal (UD 12, 13 et 14) et avoisinant l’axe religieux central et la place (UD 19), elles ont été perçues à l’issue des fouilles comme des bâtiments publics. Cependant, cette hypothèse reste hasardeuse compte tenu du peu d’éléments découverts. Seuls de nouveaux travaux pourront nous éclairer sur l’organisation, le plan et la fonctionnalité de ce quartier.

 

               4.2.4. Quartier est (UD 7)

Les fouilles et sondages réalisés dans ce secteur n’ont livré qu’un aperçu fragmentaire de l’organisation du bâti. Si on perçoit que les habitats s’installent sur des terrasses aménagées en fonction d’une trame viaire perpendiculaire à l’axe principal orienté nord-sud, il est difficile d’appréhender leur organisation et de définir des îlots d’occupation. La partie sud-est notamment ne fournit que des éléments de maçonnerie isolés gênant notre vision globale et l’interprétation de ce quartier.

 

4.2.5. Le pôle religieux (UD 2 et 3)

Ce pôle occupe une place centrale au sein de l’agglomération : il définit un axe orienté approximativement nord-sud, long d’environ 250 mètres, autour duquel s’organise l’ensemble des quartiers antiques. Il est représenté par deux temples et leurs aires cultuelles, partiellement étudiées : le premier rectangulaire au point culminant du plateau, le second octogonal en bordure de la rupture de pente méridionale.

 

4.3. Nécropole

Aucun élément funéraire n’a été mis en évidence sur le plateau et les pentes du massif. Le seul témoin d’époque romaine dans l’environnement de Mont Rivel est la nécropole du Bas-Empire partiellement fouillée à La Planchette (Vannoz), à 1,5 km au nord de Mont Rivel (cf notice de site Saint-Germain-en-Montagne, 4.3).

Pour la période protohistorique, deux tumuli ont été repérés lors d’une prospection pédestre en 1981 à l’est de la commune (UI 15).

 

4.4. Structures fossoyées

Seules deux structures fossoyées ont été rencontrées dans le secteur nord-ouest de l’agglomération antique (Charlier et Leng 1989, p. 8). Il s’agit de deux trous de poteaux qui se recoupent creusés à même le substrat sur une vingtaine de centimètres de profondeur pour quarante centimètres de diamètre. Des pierres de calage ont été retrouvées mais aucun mobilier ne permet de dater ces aménagements.

Outre ces trous de poteaux, il convient de signaler cinq caves aménagées à même le substrat calcaire : trois dans le secteur est, dévolu à l’habitat et deux dans le secteur ouest. Une fosse contenant le squelette d’un porc et d’autres restes animaux a également été retrouvée dans le quartier artisanal : elle est en lien direct avec l’activité d’abattage pratiquée dans ce secteur (Leng 1990, p. 69 – 82).

 

4.5. Etendue supposée et remarques

À l’issue des fouilles menées dans les années 1970 – 1990, l’étendue de l’agglomération a été estimée à environ sept hectares. Dans cette emprise, le plan de nombreux bâtiments reste incomplet et de vastes zones de vides subsistent. Les secteurs est, nord et sud sont très peu documentés comparativement au secteur ouest, localisé dans une zone menacée de destruction par le front de taille de la carrière, et donc privilégié par la recherche. Des prospections récentes (UI 9 et 20) montrent que l’organisation urbaine est très dense et que l’agglomération semble s’étendre vers l’ouest du plateau, au-delà des structures exhumées. Par ailleurs, au niveau de la pointe nord-ouest, trois terrasses ont été découvertes (UD 8): leur chronologie reste indéterminée mais leur emplacement à proximité de la voie d’accès suppose un aménagement contemporain de l’agglomération antique.

5. Nature de l’occupation et pertinence des éléments de caractérisation

 

               5.1. Artisanat

(UD 4, 12, 13 et 14)

Les vestiges d’artisanat et d’activités agro-pastorales sont concentrés dans le secteur ouest de l’agglomération antique.

La métallurgie est la principale activité artisanale attestée. Deux ateliers ont été identifiés dans le quartier nord-ouest au cours des campagnes de fouilles. Le premier, localisé en bordure de l’axe principal occidental (UD 13), a pu être identifié compte tenu de la concentration importante de scories, de gouttelettes de bronze fondu et de trois blocs formés de plaques de plomb repliées plusieurs fois sur elles-mêmes associés à une importante couche cendreuse (Leng 1983, p. 6 ; Leng 1989, p. 7–10). L’analyse des résidus a également mis en exergue la présence de résidus de réduction de minerai attestant d’une activité d’élaboration du fer (Leng 1990, p. 176-178). Le deuxième atelier est situé au sud-ouest de celui précédemment cité (UD 14). De plus faible envergure et tourné vers le forgeage, il est attesté par la présence de nombreuses scories reposant sur une couche d’argile tassée (Leng 1989, p. 24-25). La présence de scories a été signalée dans d’autres secteurs de l’agglomération sans qu’une activité d’ampleur ne soit attestée : il pourrait s’agir de petites zones de travail de forge destinées à satisfaire des besoins inhérents au secteur où elles sont implantées.

Des activités liées à l’élevage ont été mises en évidence dans le secteur ouest : la forte proportion d’ossements animaux rencontrée atteste d’une activité d’élevage dominée par le porc, le mouton et le bœuf. La découverte de couteaux, couperets et pierres à affûter corrobore une activité d’abattage d’animaux au côté de laquelle se développent de petits ateliers de tabletterie de faible ampleur à vocation domestique.

La présence d’un four à chaux (UD 4) atteste la fabrication de ce type de matériau au Mont Rivel (Leng 1990, p. 76–77). Cependant, l’absence de données chronologiques ne permet pas à ce jour d’affirmer que cette activité artisanale était pratiquée à l’époque romaine. Nous nous bornerons uniquement ici à mentionner son existence dans l’attente d’éléments matériels datant.

 

               5.2. Habitat domestique

(UD 5, 6 et 7)

Les structures relatives à l’habitat sont concentrées dans les secteurs est et nord mais l’état actuel de la recherche ne permet pas de mieux appréhender l’organisation et l’étendue de ce quartier. Les secteurs mentionnés n’ont été que partiellement fouillés compte tenu de leur éloignement du front de taille de la carrière qui les préservait de tout risque de destruction immédiate. Dans le secteur ouest, les ateliers artisanaux se mêlent à l’habitat qui semble par ailleurs plus modeste que dans le secteur oriental.

À l’est, les bâtiments résidentiels sont implantés sur de petites terrasses successives (UD 7). Ils s’organisent selon une trame régulière le long de petites ruelles perpendiculaires à l’axe principal bordant le temple rectangulaire à l’ouest. Deux maisons ont été particulièrement étudiées dans ce secteur, le reste des bâtiments exhumés ayant été partiellement dégagés lors de sondages et du diagnostic archéologique de 1991 (Leng 1981, 1982, 1983 ; Llopis 1991). Le plan des bâtiments et leur mode de construction en petit appareil soigné, le mobilier découvert ainsi que la présence de sols en terrazzo et d’enduits peints atteste de la fonction exclusivement résidentielle de ces structures et de l’aisance de ses habitants. Les pièces d’habitation reposent sur des salles en sous-sol qui devaient servir de lieu de stockage pour les denrées alimentaires.

Au nord de l’agglomération, les structures d’habitats identifiées concernent l’accueil et l’hébergement des populations en visite sur le sanctuaire (cf 4.2.1).

 

               5.3. Vie religieuse

(UD 2 et 3)

L’agglomération antique de Mont Rivel se structure autour d’un pôle religieux représenté par deux temples, dont l’un est clairement identifié. Celui-ci, de plan rectangulaire (15,75 m x 14 m), est édifié sur un podium de 1,07 mètre de hauteur. Il est composé d’une cella quadrangulaire, bordée sur trois côtés par une galerie déambulatoire, et à l’avant par un porche rectangulaire et un escalier monumental (UD 2 ; Viscusi 1994). L’axe du temple est orienté approximativement est-ouest, l’entrée donnant à l’ouest-nord-ouest, conformément à la tradition romaine. Ce temple, dont la création est aujourd’hui définie au cours de la première moitié du Ier siècle, présente des traits gaulois mêlés à des caractéristiques architecturales romaines : on parle alors de temple à cella, déambulatoire et porche. À ce jour, la divinité vénérée n’est pas connue : aucune statue monumentale n’a été découverte dans la cella et les indices fournis par le mobilier archéologique ne permettent pas de trancher en faveur d’un dieu en particulier (Viscusi 1994, p. 35 ; Lefebvre 2014, p. 41–42). Le bâtiment est implanté au sein d’une vaste aire sacrée de forme irrégulière orientée nord-est/sud-ouest mesurant approximativement 115 m X 45 m. Une entrée monumentale est située au sud : elle est encadrée par deux socles maçonnés qui devaient à l’origine supporter deux statues monumentales, dont une au moins représentant un bovidé. En effet, la découverte à proximité d’un socle d’un fragment de sabot présentant des traces de scellement en plomb accrédite cette hypothèse. De nombreuses inconnues subsistent dans ce secteur à savoir la présence d’une entrée septentrionale, la chronologie des différents aménagements, l’existence d’autres bâtiments au sein de l’aire sacrée et d’une occupation laténienne préexistante au sanctuaire gallo-romain.

Le deuxième bâtiment supposé cultuel est situé à la limite sud-est du plateau, en bordure de la rupture de pente, et dans l’alignement du temple rectangulaire (UD 3). De forme octogonale, il est édifié sur un terrain présentant une forte dénivellation du côté sud et implanté dans une vaste aire cultuelle sensiblement rectangulaire, délimitée par trois murs sur les côtés nord, est et ouest. Le mur nord est percé par une entrée monumentale encadrée par deux piédestaux qui devaient servir de supports à des statues monumentales. Le bâtiment n’a pas été fouillé dans son intégralité car il est situé dans une zone non menacée par les travaux de la carrière. Les fouilles partielles menées en 1971 par J.-L. Odouze et les trois sondages réalisés en 1987 (Leng, 1987, p. 21-26) se sont limités à la partie superficielle des vestiges (0,80 m) et ont permis de restituer un plan sommaire. Il s’agit d’un bâtiment imposant qui montre une grande cohérence architecturale et une véritable volonté de monumentalisation. Ses dimensions extérieures atteignent 24 m : la cella également octogonale est large de 10 m et la galerie déambulatoire mesure 4,20 m de largeur. Son mode de construction est plus soigné que celui rencontré dans les autres bâtiments du site, y compris celui du temple rectangulaire. Par ailleurs, sa localisation à l’extrémité du site dans une position dominant le plateau de Champagnole montre son importance au sein même de l’agglomération et dans le paysage environnant, et interroge de manière plus large sur sa véritable fonction et la nature du culte pratiqué. Les photographies aériennes ont montré que l’emprise de l’ensemble cultuel représente environ 1/10e de la surface du site. Toutes ces observations semblent confirmer l’importance et la prédominance de ce bâtiment qui se présente comme le point culminant du pèlerinage au Mont Rivel. Mais beaucoup de questions restent en suspens, notamment concernant la datation de cet édifice pour lequel aucun élément tangible n’a encore été découvert.

 

               5.4. Domaine public

La présence de bâtiments publics au Mont Rivel est incertaine. Les dernières campagnes de fouilles (Leng 1990, p. 34 – 47 ; Llopis 1991) ont mis en évidence dans le secteur sud-ouest un ensemble de bâtiments dont la fonction a été supposée publique (UD 16). Cette hypothèse ne se fonde sur aucun élément matériel si ce n’est la proximité de ce secteur avec une grande place occupant l’espace entre les deux temples (UD 19). Cette dernière a été interprétée à l’issue des fouilles comme une place publique où se rassemblaient les pèlerins lors de grandes cérémonies religieuses. La présence d’un four à chaux (UD 4) de chronologie indéterminée au centre de cet espace perturbe quelque peu l’interprétation.

À ce jour, nous ne pouvons donc être formels et clairement identifier des structures appartenant à ce domaine, même s’il apparaît évident qu’une telle agglomération devait être dotée d’aménagements publics.

 

6. Chronologie et critères de datation

 

6.1. La Tène

L’occupation gauloise au Mont Rivel est avérée mais repose uniquement sur la présence de mobilier résiduel gaulois dont le TPQ est daté de La Tène D1. Peu de couches d’occupation gauloise ont été mises en évidence sur le site car elles étaient difficilement perceptibles à la fouille. Posés à même la roche de base, ces niveaux ont été perturbés d’une part par l’implantation gallo-romaine et d’autre part par les importants ravinements pluviaux. Les témoins matériels découverts étaient principalement localisés dans les anfractuosités du lapiaz et aucun élément n’a pu être mis en relation avec un quelconque aménagement. Parmi ces éléments matériels, on retrouve des monnaies et des fibules gauloises, de la céramique laténienne et des amphores de type Dressel 1. L’étude de S. Humbert a en effet permis d’inventorier 1007 fragments dont 76 NMI de Dressel 1, soit 21% de l’ensemble des NMI d’amphores comptabilisées sur le site. Il s’agit d’un ensemble relativement conséquent qui abonde dans le sens de l’existence d’une occupation gauloise antérieure à l’agglomération romaine. Ce lot mobilier s’ajoute à treize monnaies gauloises du Centre-Est s’échelonnant de La Tène D1 à La Tène D2b (Lefebvre 2014, p. 119), à quelques fibules précoces, notamment une fibule de Nauheim très bien conservée, et à des céramiques gauloises parmi lesquelles des récipients en céramique noire à pâte rouge, de la terra nigra et quelques fragments de vases bouteilles peints de bandes rouges (Lefebvre 2014, p. 149 – 187).

D’autres éléments appuient l’existence d’une occupation laténienne préexistante à l’agglomération romaine, notamment la découverte d’un tertre de nature indéterminé sur la pente septentrionale de Mont Rivel qui a livré des potins datés de La Tène D (Leng 2009 ; UI 17 ; UD 1). Par ailleurs, l’existence d’un oppidum sur le plateau a été envisagée depuis le XIXe siècle (Monnier et Jobez 1905 ; Rousset 1855) mais cette hypothèse ne reposait alors que sur le critère topographique et sur aucun élément matériel. Les prospections réalisées en 1966, 1969 et 1991(UI 1, 2 et 6) font état de la présence d’un éperon barré tantôt sur la pointe ouest (J.-L. Odouze 1969 ; Llopis 1991, p. 10) tantôt au nord du plateau (Vuaillat 1966). Les observations récentes (UI 9 ; Lefebvre 2014, p. 202-204), qui prenaient pour point de départ les hypothèses énoncées précédemment et un cliché IGN antérieur à la carrière à ciel ouvert (UI 21), n’ont pu confirmer ces hypothèses à l’ouest car la carrière est implantée à l’endroit même où l’éperon aurait été repéré. Aucun rempart n’a par ailleurs été détecté : l’exploitation intensive de la carrière a détruit ou masqué les éventuels vestiges présents sur cette partie de la montagne. La prospection réalisée en 2015 (UI 20) a soulevé à nouveau la question de l’implantation d’un oppidum sur le plateau : des levées de terre ont été repérées au niveau de la pointe nord (UD 18). Ces observations vont dans le sens de l’hypothèse émise par D. Vuaillat au terme de sa reconnaissance en 1966 : elle devra être revérifiée au cours des prochaines campagnes de prospection et de détection envisagées en 2016.

 

6.2. Haut-Empire

Durant cette phase chronologique, la structuration des différents quartiers se met en place et les grands projets architecturaux, comme le temple rectangulaire, sont aboutis.

L’observation des indices mobiliers nous indique que l’occupation perdure pendant la période républicaine et augusto-tibérienne mais la structure de l’agglomération reste mal connue. Les lots de mobilier en terre cuite sont dominés par les céramiques terra nigra et les premières productions de sigillée du sud Gaule ainsi que par quelques amphores augustéennes telles les amphores à vin Haltern 70 et Lyon 1. Les émissions monétaires sont peu nombreuses : elles sont représentées par un denier républicain frappé sous la Gens Sicinia en 49 avant notre ère, un demi dupondius de Vienne (36 av. J.-C.), un as et un sesterce d’Auguste rare et deux monnaies de Tibère.

À partir de la moitié du Ier siècle, l’occupation devient très dense et atteint son optimum au cours du IIe siècle : les témoins d’occupation sont très nombreux et diversifiés et attestent d’une part d’une urbanisation systématique et extensive et d’autre part d’une fréquentation importante de l’agglomération. L’essentiel du mobilier est daté de cette période. Les émissions frappées entre le règne de Néron et la fin du règne de Marc-Aurèle représentent à elles seules 56% du corpus total (Lefebvre 2014, p. 120-122). Les fibules étamées et émaillées produites au Ier et IIe siècles sont particulièrement représentées. La céramique est majoritairement dominée par les importations de sigillée du sud et du centre de la Gaule ainsi que par la céramique à paroi fine engobée (Lefebvre 2014, p. 187 – 200). Les amphores quant à elles sont très bien représentées pour cette période puisqu’elles représentent plus de 70% du corpus total (Humbert). Parallèlement, A. Comte, lors de son étude sur le verre antique(1997), a mis en évidence un corpus nettement dominé par les productions du Ier et IIe siècle.

 

6.3. Bas-Empire

Les témoins d’occupation à partir du règne de Commode sont moins nombreux. D’abord progressif, voire quasiment invisible, l’abandon s’intensifie dans le courant du IIIe siècle. Il est particulièrement visible dans les faciès monétaires tardifs qui montrent une brusque diminution des émissions à partir du début du IIIe siècle qui perdure jusqu’à l’abandon des sites à la fin du IVe siècle (Lefebvre 2014, p. 122 – 123). Les monnaies des IIIe et IVe siècles sont peu nombreuses : il s’agit essentiellement pour le IIIe siècle de nummi et de deniers en parfait état frappés sous Caracalla et Septime Sévère et pour le IVe siècle d’un nummus au revers GLORIA EXERCITUS, d’une demi maiorina au revers GLORIA ROMANORUM et d’un nummus de Constantin. La céramique confirme cette observation : alors que les productions du IIe siècle sont présentes en grand nombre, on constate une forte diminution des importations dès le début du IIIe siècle. Les céramiques à paroi fine métallescente ainsi que les importations de sigillée en provenance des ateliers du centre et de l’est de la Gaule notamment deviennent quasiment inexistantes (Lefebvre 2014, p. 187 – 200). Le constat est identique avec le mobilier amphorique : avec un NMI sur les 460 que compte le corpus des deux sites, la période du Bas-Empire apparaît sous représentée.

 

6.4. Haut Moyen Age

Actuellement, aucun vestige attribué au haut Moyen-Age n’a été identifié. L’occupation au Mont Rivel connaît un hiatus chronologique de près de huit siècles, depuis le début du Ve siècle jusqu’à la construction du château médiéval sur la pointe sud-est aux alentours de 1130. Le récolement des collections de Champagnole réalisé par P. Lefebvre en 2013 – 2014 a permis de retrouver quelques éléments datés de la période médiévale : il pourrait s’agir d’objets perdus lors de la fréquentation du plateau au courant du Moyen-Age. Il serait intéressant de se pencher sur ces quelques éléments de manière à affiner leur datation et peut-être apporter quelques éléments de réponse sur cette phase chronologique aujourd’hui mal perçue.

7. Synthèse sur la dynamique d’occupation

Les fouilles réalisées entre 1978 et 1991 ainsi que l’étude chronologique réalisée en 2014 nous permettent aujourd’hui d’avoir une vision correcte de la dynamique d’occupation au Mont Rivel. On sait désormais que les origines de l’agglomération antique remontent à La Tène D1 même si on ignore encore la nature et l’importance de cette occupation précoce. Ce constat repose principalement sur un mobilier laténien résiduel retrouvé dispersé dans les niveaux posés sur le substrat calcaire et dans les fentes du lapiaz sur l’ensemble de l’emprise du site antique. L’absence d’aménagements laténiens a été expliquée à l’issue des fouilles par l’hypothèse d’un arasement complet des structures à l’époque augustéenne. Cette théorie, toute comme l’existence d’un oppidum doit être vérifiée par de nouvelles opérations de terrain. Au cours de la transition entre la fin de l’Age du Fer et l’époque romaine, les témoins mobiliers et les observations de terrain traduisent une installation progressive d’un nouveau tissu urbain. À partir de la moitié du Ier siècle après J.-C., les indices d’occupation se font beaucoup plus nombreux. L’agglomération connaît une fréquentation plus importante, elle se monumentalise, avec l’édification notamment du temple rectangulaire, et prospère jusqu’à la fin du IIe siècle – début du IIIe siècle. Durant cette période, l’agglomération atteint très certainement son extension maximale qui n’a, à ce jour, toujours pas été appréhendée de manière certaine. À partir du IIIe siècle, un déclin s’opère : l’intense activité observée durant le Haut-Empire semble s’essouffler. Le phénomène s’accroît au IVe siècle : les indices mobiliers sont rares et l’organisation urbaine est difficile à appréhender. Au Ve siècle, le site semble définitivement déserté et on ignore où les populations ont pu se déplacer.

 

8. Perspectives de recherche

Les perspectives de recherche de terrain au Mont Rivel sont limitées par l’important couvert forestier et les taillis impénétrables du plateau. Les dernières campagnes de prospection pédestre et topographique l’ont montré : l’utilisation de matériel (tachéomètre, lunette de chantier) est rapidement contrainte et la documentation du site s’en trouve limitée. Il apparaît aujourd’hui nécessaire d’employer de nouvelles méthodes afin notamment de pouvoir restituer le plan de l’agglomération dans son ensemble, recaler les plans de fouilles anciens et répondre à la question de l’existence d’un oppidum au Mont Rivel. La méthode LiDAR est certainement la plus adaptée à cette problématique et doit être sérieusement envisagée dans les mois à venir. Par ailleurs, le travail de documentation doit être poursuivi sur le bâtiment octogonal qui semble constituer l’élément central de l’agglomération antique. Le relevé topographique réalisé cette année sur ce bâtiment et sur le cheminement conduisant au temple rectangulaire (UI 19) constitue une démarche préliminaire qui devra être complétée en 2016 par de nouvelles recherches de terrain et des relevés en plan et en élévation des maçonneries visibles.

 

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Perrine Lefebvre

Illustrations Equevillon