Bourbonne-les-Bains (Haute-Marne)

1. Localisation et emprise connue de l’occupation

Bourbonne-les-Bains est situé dans une zone de contact entre les territoires séquane, leuque et lingon, à un peu plus de 30 km de Langres-Andematunum. Cette position soulève la question de la cité d’appartenance de l’agglomération. On peut penser qu’à l’origine Bourbonne-les-Bains était attaché au territoire lingon. Mais dans la seconde moitié du Ier siècle, suite aux troubles qui font suite à l’accès au pouvoir de l’empereur Galba, cette portion de  territoire va passer sous contrôle Séquane afin de sanctionner les velléités politiques lingonnes. Une hypothèse étayée par des indices épigraphiques provenant de la station thermale (Vurpillot 2011). L’agglomération antique jouit d’une richesse archéologique considérable, malheureusement souvent victime d’une documentation chaotique. Le cœur du tissu urbain s’insère dans un vallon où serpente le ruisseau de Borne, puis se développe sur la colline au nord et vers l’est. On peut estimer que sa surface approche les 40 hectares dans son extension maximale.

 

2. Cadre naturel

 

2.1. Topographie, Géologie

L’agglomération est installée à l’une des extrémités sud-est du plateau de Langres, sur un promontoire placé entre les vallées d’Apance et de Borne. D’un point de vue géologique, elle s’insère dans une vaste dépression où affleurent les terrains triasiques et les calcaires dolomitiques du Muschelkalk. Dans le détail, le ruisseau de Borne traverse une lanière de terrains orientés est-ouest, encadrés au nord et au sud par deux collines parallèles. Le climat est favorable, en partie grâce à la protection offerte par le plateau dominant du Bassigny face aux vents d’ouest et du nord. D’ailleurs jusqu’au XIXe siècle on pratiquait encore la culture de la vigne dans les collines qui environnent Bourbonne.

 

2.2. Hydrographie

Les deux principaux cours d’eau sont le ruisseau de Borne et la rivière Apance. Le premier traverse la commune d’ouest en est, avant d’affluer dans le second, en provenance du nord. La jonction s’effectue à la pointe est de Bourbonne-les-Bains. Rappelons que l’Apance constitue l’un des principaux affluents du cours supérieur de la Saône.

Bourbonne-les-Bains est situé dans une région où affleurent les formations calcaro-dolomitiques et gréseuses du Trias, intensément fracturées lors du glissement de la chaine alpine. Ces fractures, constituent la branche descendante du siphon thermal, et permettent aux eaux pluviales de s’infiltrer dans le substrat granitique des collines situées au nord-ouest, où elles acquièrent une température élevée (environ 130 ° C.) et leur radioactivité. Elles remontent ensuite à la faveur du thermosiphon, et s’épanchent dans des couches gréseuses perméables qu’on désigne sous le nom de gîte relais (le caractère chloruré sodique des eaux thermales est probablement acquis lors du transit des eaux d’alimentation à travers la couverture calcaro-dolomitique du Muschelkalk), gîtes dotés d’importantes propriétés artésiennes exploitées par les sondages. À côté de ces ouvertures artificielles plusieurs  cheminées naturelles, percées dans les argiles, permettent aussi l’ascension de l’eau qui avant l’implantation de l’homme à Bourbonne traversaient les alluvions pour venir se mélanger aux eaux douces du ruisseau de Borne et de la nappe phréatique (Rameau 1978, 4-5 et Rambaud 1994).

Les sources minérales relèvent donc de deux catégories :

– celles originaires directement de la nappe d’eau thermale circulant vers la surface de contact des argiles bariolées et des grès bigarrés, dans une zone restreinte située à 45 mètres sous le sol naturel.

– celles originaires d’une zone aquifère existant à la base des alluvions, dans des couches perméables qui sont immédiatement recouvertes par le béton romain. Mélangeant eaux douces d’infiltration, et eaux minérales en provenance de la nappe évoquée précédemment, remontant par l’intermédiaire des cheminées naturelles (Rigaud 1880, 420-421). C’est cette seconde catégorie, nettement plus accessible, qui fut exploitée par les captages gallo-romains.

Quant à leur composition chimique, ce sont des eaux chlorurées sodiques et sulfatées calciques, radioactives, oligométalliques, et gazeuses. Leur température de sortie est d’environ 66° C., pour un débit total de 230 L/min et un résidu sec de 7335 mg/L.

 

 

3. Etat de connaissances

 

3.1. Sources

Les premiers indices de l’occupation antique nous sont rapportés dès la fin du XVIe siècle, avant que soient mis en œuvre les premiers aménagements modernes de l’espace thermal au cours du XVIIe siècle. À partir de ce moment, les découvertes vont se multiplier, tout comme les mentions dans la bibliographie. Ce n’est véritablement que dans la seconde moitié du XVIIIe siècle que la reconstruction des établissements thermaux débute au niveau de l’hôpital militaire, donnant lieu à des trouvailles importantes relatées par P.-B. de Varaigne  en 1783 (de Varaigne in Bougard 1865), puis par M. Lebrun en 1808 (Lebrun 1808 in Bougard 1865, p. 498-499 ; Lacordaire 1880, 117). Les travaux se déplacent ensuite vers l’établissement civil au  cours du XIXe siècle, occasionnant la rédaction de plusieurs comptes rendus précieux pour notre compréhension des structures, notamment celui de F. Rigaud (Rigaud 1880). A  cela s’ajoutent de nombreuses trouvailles isolées qui surviendront en parallèle de ces grands travaux (Bougard 1865, Bougard 1882).

Il faut ensuite attendre 1977 pour voir les premières fouilles archéologiques modernes du complexe thermal (Frézouls 1977, 1978, 1979), réalisées dans des conditions pénibles. Par la suite les interventions archéologiques vont se succéder, souffrant parfois du mépris des entrepreneurs locaux comme ce fut le cas lors de l’installation du casino. Elles vont préciser nos connaissances sur l’espace thermal, et surtout ouvrir plus largement nos perspectives quant au développement de l’agglomération.

Son nom antique se prête encore aujourd’hui au débat, en effet une station thermale figure sur la Table de Peutinger dans une zone qui pourrait correspondre à Bourbonne-les-Bains : Aquis Nisincii. Sa graphie est incertaine car le nom est situé sur un repli de la carte. Aucune preuve épigraphique ne permet de se prononcer avec certitude. D’autant plus qu’à proximité existe aussi la station d’Aquis Bormonis qui, pour des raisons évidentes, est souvent mise en relation avec Bourbonne-les-Bains.

D’après l’édition de 1603 du Aimoni monachi inclyti canobii D. Germani a pratis libri quinque de Gestis Francorum, vers 612 Theodoric II (ou Thierry II), roi de Bourgogne et d’Austrasie, aurait concentré ses troupes à Bourbonne-les-Bains, sur la colline où aurait été édifié un castrum (Vernonam/Vernona castrum). Mais A. Lacordaire précise qu’il est possible que ce ne soit pas l’endroit où est situé le château moderne. En effet un titre juridique de 1248: « Adelina domina de veteri castro de Borbona » (Lacordaire 1883, p. 10), suggère qu’au milieu du XIIIe siècle un second château aurait été construit, celui qui existait encore au XVIIIe siècle. Toutefois il devait être implanté à proximité du premier édifice, car la position dominante de cette zone en fait un choix évident dans un cadre militaire. Ce qui pourrait expliquer les nombreuses découvertes effectuées dans cette zone.

 

3.2. Historique des recherches

Une présence préhistorique est attestée sur le territoire de la commune et des communes limitrophes. De l’outillage lithique a  aussi été retrouvé dans les couches profondes sous les captages gallo-romains, mais reste difficile d’interprétation. Aucun élément concluant n’a permis de rattacher une occupation protohistorique au territoire de l’agglomération.

 

3.2.1 Espace thermal

L’espace thermal est défini par deux zones principales d’activité, l’hôpital militaire au nord et l’établissement civil au sud. En l’état il est difficile d’avancer avec certitude que les vestiges reconnus à ces deux endroits faisaient partie d’un même complexe pendant l’Antiquité.

 

Les premières interventions documentées prennent place au niveau du futur établissement militaire, dont dépend la source du Bain Patrice. Ainsi lors de travaux menés entre 1714 et 1716 à cet endroit, H. Gauthier a découvert une bulle en cuivre doré et des monnaies impériales (Gauthier in Bougard 1865, p. 257 ; Dugas de Beaulieu 1760, p. 3). Puis, non loin de là, D. Diderot rappelle que vers 1755 on a dégagé des salles pavées en mosaïques, et aux murs peints. Au milieu des décombres se trouvaient encore des « ustensiles de cheminée, pelle, pincettes, chenets, crémaillère avec un vase d’airain. » (Diderot 1770 in Bougard 1865, p. 451-452). Entre 1782 et 1784 l’Etat décide d’étendre les installations de l’hôpital militaire, l’ingénieur Lebrun va alors retrouver un tronçon du collecteur des eaux antique, et des monnaies antiques. À 200 m à l’est de la source du Bain Patrice, lors de travaux pratiqués en 1869, on a extrait deux inscriptions (CIL XIII 5912 et 5917). En 1887 dans le sol de l’hôpital militaire, lors de fouilles destinées à asseoir les fondations d’un nouveau bâtiment, a été reconnue une galerie qui correspond à un tronçon de collecteur des eaux. Sa paroi sud s’appuyait sur le mur d’une construction quadrilatérale, divisée en deux compartiments. À l’intérieur de l’égout, on a également retrouvé trois fûts de colonnes et trois chapiteaux corinthiens. Ils sont vraisemblablement issus de l’effondrement de la galerie à leur niveau (Vurpillot 2011). En décembre 1991 un diagnostic a été effectué par J.-J. Thévenard et F. Moiret au niveau de l’hôpital militaire. Il a donné lieu à la découverte de murs antiques, notamment une section de portique (Thévenard et Moiret 1992).

 

Quant à l’établissement civil, dès 1783 on décide de reconstruire les bâtiments en relation avec le principal captage antique d’eau minérale (Puisard Romain). Ce qui va occasionner la découverte d’un système de galeries où l’on rencontre des éléments du système de distribution d’eau. Du mobilier résiduel figurait parmi les décombres : deux ornements en cuivre, plusieurs noyaux de corne d’aurochs, un morceau de corniche de marbre blanc, sûrement parvenu d’un niveau supérieur du sol suite à l’écroulement de certaines galeries, une plaque de plomb et enfin une inscription illisible (de Varaigne 1783 in Bougard 1865, p. 474).

Le réaménagement de ces installations à partir de 1856 donne lieu à une nouvelle description des vestiges antiques. Sous la direction de M. Drouot, le curage du captage va entrainer la découverte de débris de tuiles, d’une monnaie d’argent gauloise, et d’une intaille en quartz représentant Mercure.

Une tranchée pratiquée à l’actuelle place des Bains en 1870 révéla une inscription (CIL XIII 5914), et quelques mètres plus à l’ouest on déterra en 1874 un tronc monétaire. La même année on extirpa des boues du Puisard Romain une inscription (CIL XIII 5919). Puis l’année suivante les boues du système de galeries encadrant le Puisard Romain livrèrent deux nouvelles inscriptions (CIL XIII 5913 et 5920), un mobilier qu’on va exhumer aussi d’une tranchée ouverte dans le jardin des bains (CIL XIII 5915), ainsi que lors des travaux effectués vers les bains de deuxième classe (CIL XIII 5921), et enfin une dernière inscription fut retrouvée dans la zone sans plus de précision (CIL XIII 5922). Toujours en 1875 on entreprit un sondage dans le Puisard Romain, ce qui provoqua la découverte d’une quantité importante de mobilier antique décrit par M.-F. Daubrée : « Après avoir déposé sur la chaussée 3 ou 4 mètres cubes de la boue provenant de cette troisième couche, on y aperçut quelques médailles; aussitôt on la soumit avec soin au lavage sur un tamis, opération qui amena la découverte de plus de 4 700 médailles, la plupart de bronze ou de laiton, d’autres d’argent ou or […] À ces médailles étaient associés des objets variés, tels que statuettes en bronze [la notice ajoute en bas de page « Dont l’une parait représenter un homme blessé à la jambe, et l’autre une tête de serpent »], épingles et bagues en or pâle allié de beaucoup d’argent (électrum), débris de cadres en plomb, des grains de collier en succin, une plaque de lignite jayet taillée rectangulairement, etc. […] Ce conglomérat  renfermait également des très nombreuses médailles, des centaines et même très probablement des milliers; mais beaucoup ont disparu, quelquefois en laissant leur empreinte » (Daubrée 1875, p. 443-445). La poursuite des aménagements des bains de première classe en 1878 livra encore une inscription (CIL XIII 5918) et quelques monnaies (Rigaud 1880, p. 391). En 1880 lors d’activités entreprises dans la cour intérieure des bains civils on a exhumé une stèle funéraire en grès des Vosges avec une inscription (CIL XIII 5927). La rénovation de l’établissement thermal est décidée au début des années 1970, mais les travaux ne  débuteront qu’en 1977. Ils seront menés cette année-là au mépris des vestiges archéologiques, ravagés par les pelleteuses. Les rares éléments préservés seront pour la plupart sauvés in-extremis dans les déblais envoyés à la décharge. Citons deux têtes en bois (issues d’un assemblage plus important qui ne nous est pas parvenu), des fragments de céramique, une cuillère en bronze, des fragments de marbre aux couleurs variées, une statue féminine brisée, ainsi que six chapiteaux corinthiens et des fragments de colonnes. Une seconde phase des travaux débute en juin 1978, avec cette fois l’intervention des archéologues. Ce qui a rendu possible l’exploration d’espaces en grande partie absents des travaux anciens, et de faire dans certains cas la liaison avec ces derniers (Vurpillot 2011 ; Frézouls 1977, 1978 et 1979). Quant au mobilier mis au jour, on peut mentionner un fragment de chapiteau corinthien vers le « puisard romain » (aujourd’hui disparu), quelques tessons de sigillée ancienne, et une monnaie d’Agrippa dans le niveau le plus profond. Les couches de destruction des portiques livrèrent quelques fragments de céramique sigillée décorés à la molette provenant d’Argonne, et des monnaies du Bas Empire. En 2002 un diagnostic fut effectué sous la direction de G. Deborde dans les jardins au sud de l’établissement thermal, avant la construction du casino, dans l’espoir de confirmer la présence de structures en lien avec le complexe thermal. C’était sans compter la forte érosion de la zone qui limite drastiquement les résultats, seul un pan de mur gallo-romain, parait prolonger les structures découvertes dans les années 70 (Deborde 2002). De nouveaux incidents eurent lieu lors des travaux, conduisant à la destruction de vestiges archéologiques. On ne put sauver des déblais qu’une statue de 80 cm en forme de bélier, des morceaux de chapiteau et de colonne, des fragments de céramique, des tegulae, et des ossements d’animaux. En 2008 R. Durost va intervenir place des Bains, poursuivant ainsi les investigations de G. Deborde. Le diagnostic va révéler un  pan de maçonnerie antique dans la continuité de celui mentionné plus tôt. De plus les données stratigraphiques ont mis en évidence une forte activité antique sur la pente sud de la colline jouxtant les thermes, qui est progressivement mise à nue. À noter, la présence de deux éléments de mobilier néolithique dans la couche tardive gallo-romaine, une hache polie en pélite-quartz de Haute-Saône, et une lame d’herminette en silex vert alpin (Durost  2010a).

 

3.2.2 Le château

Dès la fin du XVIe siècle J. Le Bon a découvert une inscription dans la cave vinaire du château (CIL XIII 5916) (Le Bon 1590 in Bougard 1865, p. 183). Au même endroit, sûrement au milieu du XVIIe siècle, le Père Vigner signale la mise au jour de monnaies romaines, et de deux têtes de marbre blanc retrouvées au fond d’un puits, aujourd’hui disparues. L’une représente un visage féminin couronné d’une branche de laurier et coiffé de deux tresses annelées, l’autre un visage masculin (Vignier in Bougard 1882, p. 87). Dans les décombres de la tour du château H. Gauthier exhuma une inscription entre 1714 et 1716 (CIL XIII 5926), ainsi qu’un bas-relief sculpté : « une figure sculpturée en bas relief qui m’a paru ressembler au bout de l’aigle d’un grand Aigle Romain, et dont le derrière étoit taillé en coupe […] Je donne encore ici encore le dessin d’un Ecusson au naturel […] qui paroit avoir la forme d’une Cuirasse avec les agraffes. » (Gautier 1716 in Bougard 1865, p. 232). Dans la vigne du château, vers 1804, E. Bougard témoigne de la présence de nombreux débris de statues d’hommes, d’enfants et d’animaux en grès bigarré, dont un lion de grandeur naturelle, la moitié d’une tête de cheval, une tête de femme mutilée, ainsi que de figurines en argile, de pierres d’aqueduc, d’un « tombeau », et d’une stèle funéraire (Bougard 1882, p. 90). Non loin de là le même auteur mentionne un bas-relief de Mercure, de la céramique et une tête féminine en pierre (Bougard 1882, p. 91). En 1828 M. Renard fit de nouvelles trouvailles au château : des monnaies romaines et un petit bouc en bronze.

 

 

3.2.3 Espaces artisanaux

Selon H. Gauthier autour du ruisseau de Borne on trouve régulièrement des murs et  des pavés antiques, ainsi que des monnaies et des inscriptions. Et près du pont du ruisseau de Borne, dans la rue des Bains, il aurait dégagé deux fragments de colonnes (Gauthier 1716 in Bougard 1865, p. 257). Ce que vient confirmer J.-L Dugas de Beaulieu lorsqu’il nous informe que des « constructions nouvelles ayant nécessité le détournement du ruisseau de Borne […] et quand, à une époque récente, on établit sur son cours une écluse de chasse en aval du pont d’Orfeuil, on mit à jour d’autres substructions romaines; des cellules en pierre de taille, qui apparaissent encore au fond du ruisseau; des fûts de colonne de 0,48 mètre de diamètre, et des chapiteaux d’ordre dorique […] c’est la prodigieuse quantité de monnaies romaines en bronze […] qui ont été trouvées sur les lieux ou dans le lit du ruisseau de Borne, qu’on vient de curer et de paver. Quelques années auparavant, on en avait déjà retiré une bague en or, un pied de vase en bronze représentant un coq vu de face et plusieurs fragments de statues et de bas-reliefs en pierre de grès. » (Dugas de Beaulieu 1860, p. 5-6).

Des boules de pâte de verre et des fragments de verre mince ont été découverts au cours des années 1960 dans le bois des Epinets, sur les bords du ruisseau de Borne, à 2 km à l’ouest de l’agglomération thermale. À peu près à la même période,  lors d’une vérification de conduite donnant accès dans le ruisseau de Borne, à 500 m à l’ouest de la ville, une boule de pâte de verre portant sur le côté des traces de scories a été prélevée (Speranze 1962, p. 140).

Sans indication sur le lieu de la découverte, en creusant les fondations d’une maison, E. Bougard mentionne qu’on trouva des vestiges et du mobilier antique, notamment des fours, des lampes, des « fioles lacrymatoires », des monnaies, etc. (Bougard 1865, p. 620).

En 1937 lors de fouilles effectuées dans une cave au Joyeux A. Cousin a découvert un comblement antique dans un fond de carrière, affectant une surface de 9 m² : « Nous avons eu la bonne fortune de découvrir ce que nous pourrions appeler un dépotoir, comblant un fond de carrière. D’une superficie de neuf mètres carrés et d’une profondeur d’un mètre cinquante environ, cette fouille nous a livré plus d’un mètre cube de poterie des plus diverses : pré-gauloises (poteries à pied), gauloises et romaines datant des premiers siècles. Parmi ces tessons, un moyen bronze de Néron et un de Trajan d’une belle conservation. Suivant l’examen approfondi des compétences en la matière, il résulterait que certains de ces tessons de formes inédites, d’autres surcuits ou « loupés », ne laisseraient aucun doute sur l’existence d’un atelier de potier, situé à proximité. […] La pierre, dont on s’est débarrassé, est allée former ces amas, témoins antiques d’un travail gigantesque […] Parmi les fragments de poterie recueillis par nous et figurant dans notre collection, un creuset usagé, d’époque romaine, nous apporterait l’activité d’un fondeur de métaux précieux. Une quantité d’os sciées et d’objets en os permettent de penser qu’il devait exister un fabricant de ces objets. » (Cousin 1949). Il précise dans une autre publication qu’il y avait également des morceaux de marbre, des fragments d’enduits peints, et deux marques de potiers : Bassus et Severus (Cousin 1937, p. 149). Dans le même secteur, suite à une découverte fortuite survenue en 1972, J. Lavier va réaliser un sondage en 1973 sur une surface de 3 m². Plus de 28 kg de céramique commune, et plus de 1,4 kg de sigillée, parfois avec des défauts de cuisson, vont alors être dégagés (estampille Secundi). À cela s’ajoutent des déchets de cuisine, des objets de fer et de bronze et une tête de statue en pierre calcaire (Lavier 1973). Le mobilier céramique a par la suite été étudié par L. Alonso (Alonso, à paraître). Enfin, en novembre 2009, un diagnostic réalisé par A. Burgevin au lieu-dit « La Rochotte Sud », situé à quelques mètres à l’ouest du « Joyeux », s’est révélé négatif (Burgevin 2010).

En 2004 S. Sindonino et S. Degobertière ont réalisé un diagnostic place de Verdun, à quelques centaines de mètres au nord du complexe thermal, en face du château. Ils dégagèrent l’angle d’un bâtiment antique dont la fonction nous reste inconnue. Ainsi que de nouveaux indices de pratiques artisanales, matérialisés par l’existence d’un four de potier associé à une couche de ratés de cuisson : essentiellement de la céramique engobée, métallescente, à vernis rouge pompéien et commune claire. Dès le haut Moyen-âge cet espace se voit attribuer une fonction funéraire dont témoignent deux sarcophages (Sindonino et Degobertière 2004).

 

3.2.4 Espace funéraire

En 1829, une stèle funéraire portant une inscription fut mise au jour dans la partie est du Prieuré, au lieu-dit la Chavanne (CIL XIII 5924). Puis à l’ouest de la colline du Prieuré, en 1878, on déterra deux stèles funéraires en grès. En 2008 R. Durost a réalisé un diagnostic dans ce secteur, au nord des découvertes du XIXe siècle. Dans le cadre de cette opération, il va mettre en évidence un bûcher funéraire gallo-romain révélé par la présence d’esquilles osseuses calcinées d’un individu adulte, des coulures de verre bleu et plusieurs fragments de céramiques gallo-belge (terra ruba et terra negra). Il semblerait que la crémation n’ait pas eu lieu sur place, car les traces de combustion caractéristiques ne sont pas présentes. On peut ajouter que des particuliers ont signalé la présence de sépultures à inhumation à l’est de l’intervention : un squelette d’adulte, et deux squelettes dans une même fosse mêlés à des éléments métalliques. Selon les habitants, ce genre de découverte est récurrent dans cette zone. (Durost 2010b, p. 7).

En 1961, lors de travaux dans le prolongement de la rue de Vellonne, on mit au jour plusieurs monuments funéraires installés le long de la voie, notamment une stèle et un des fragments d’un lion androphage surmontant de ses pattes antérieures deux têtes humaines. Puis en 1972, lors de travaux effectués à proximité, on retrouva des sculptures en assez mauvais état, notamment un visage. Un rapport au sous-préfet daté de 1804, faisant mention de la découverte de fragments de statuaire, pourrait se rapporter aussi à cette zone.

 

3.2.5 Autres découvertes

Vers 1770 D. Diderot nous indique l’existence d’une portion de voie romaine rue de Vellonne (Diderot 1770 in Bougard 1865, p. 451-452). Puis, en 1815,  l’éboulement d’un mur de terrasse révéla une citerne, dans laquelle était piégé de l’outillage. De plus, au bas de la même rue, on a rencontré à 1 m de profondeur une mosaïque qui s’étend sous le pavé et parait s’étendre sur environ 9 m² (Bougard 1882, p. 91). Le 3 janvier 1833 une nouvelle inscription fut extraite des décombres de la maison Coffin, dans la Grande Rue, suite à un incendie (CIL XIII 5911). En 1849 on a extrait de la rivière Apance, « à peu de distance du grand pont de la ville » une monnaie de bronze (Bougard 1882, p. 93). À proximité immédiate de la zone thermale, la rue Amiral Pierre livra une colonnade reconnue sur 57 m de long, mais qui n’a donné lieu à aucun rapport circonstancié. En 1972, lors de travaux route de Chalindrey, on retrouva des sculptures en assez mauvais état, notamment un visage. En 1978 J.-P. Pizelle mena une opération de prospection au Breuil qui révéla de nombreux fragments de poterie commune, un fragment de sigillée, une anse d’amphore, deux morceaux de verre, quelques fragments de marbres, de bois, de pierres, de conduits et des fragments de colonnes. En mai 1983 une fouille de sauvetage est réalisée au lieu-dit « La Ville Haute Ouest » par J.-L. Schenck. À cet endroit figurait un puisard carré dont le comblement a livré un abondant matériel céramique gallo-romain, en particulier une coupelle sigillée (drag. 36) décorée de feuilles d’eau, probablement d’époque flavienne. Puis deux fibules, une épingle en os et cinq monnaies de bronze, dont deux à l’effigie de Trajan. Au Sud furent révélés deux pans de mur en ruine postérieurs au puisard et difficilement exploitables (Schenck 1983). En décembre 2007 R. Durost effectua un diagnostic au lieu-dit « Bas de Mont l’Etang », à environ 200 mètres au nord-ouest de l’établissement thermal. Les 21 sondages ont permis la découverte de structures antiques marquées par la présence importante de terres cuites architecturales, pour la plupart des tegulae. Une évolution sensible de la qualité des structures et de la quantité des murs s’observe au faire et à mesure qu’on s’éloigne du ruisseau de Borne, vers le nord. Cela se traduit par des aménagements plus élaborés : l’usage de blocs monumentaux, la présence d’une cave maçonnée et d’un bassin hydraulique au pied du versant. Vers l’ouest, en limite des occupations, semble apparaitre une voie empierrée, en provenance du nord-ouest (Durost 2008, p. 15-16). L’épandage de ces terres cuites architecturales aurait pu servir à stabiliser le terrain et à le reconquérir aux eaux, malgré un assèchement et un travail intense de canalisation des eaux déjà effectué auparavant. Enfin, en 2011, J.-J. Thévenard a mené un diagnostic rue de Vellonne. L’intervention a révélé une voie antique est-ouest inédite avec ses aménagements bordiers (caniveaux, trottoirs, portiques) ainsi que des traces d’habitat perceptibles au nord et  au sud de la chaussée. Comme dans la zone précédente, de lourds travaux d’assainissement et des ouvrages hydrauliques ont été nécessaires pour stabiliser cet espace situé en bordure immédiate de la couche de béton où sont implantées les structures thermales. Les problèmes d’infiltration d’eau ont d’ailleurs empêché l’accès aux structures les plus anciennes. Dans ces conditions la datation fine des structures reste délicate, et l’abandon du site antique, indiqué par une couche de démolition générique recouvrant l’arase des vestiges, doit se situer au cours de l’Antiquité Tardive, au plus tôt à la fin du IVe siècle (Thévenard 2012).

 

4. Organisation spatiale

 

4.1. Voirie

La voirie n’a été reconnue que de manière épisodique au sein de l’agglomération. La rue de Vellone a livré à plusieurs reprises la preuve qu’elle recoupe au moins en partie le principal axe antique est-ouest. Un axe secondaire parallèle a sûrement été mis au jour lors du diagnostic de 2011 (Thévenard 2012). Vers l’ouest la rue de Vellonne donnait accès à la voie entre Langres-Andemantunnum et Strasbourg-Argentoratum au niveau de Bonnecourt. Il semble qu’une autre voie se dirigeait vers Nijon-Noviomagus. On en retrouve la trace dans le cadastre napoléonien faisant textuellement mention de la présence d’une « levée romaine » traversant les bois de Serqueux. Besançon-Vesontio était accessible par une voie au tracé bien connu, faisant étape à Villars-Saint-Marcelin et Jussey. Enfin d’autres destinations secondaires ont été plus ou moins clairement identifiées, par exemple celle qui dessert  Luxeuil-Luxovium par Corre.

 

4.2. Le bâti

Si l’habitat a bénéficié d’interventions archéologiques récentes (Durost 2008, Thévenard 2012), il n’a été appréhendé qu’au moyen de diagnostics qui livrent un aperçu très fragmentaire de ces occupations. D’autant plus limité que chacune de ces opérations a été effectuée dans un milieu humide très handicapant. Dès lors il est souvent impossible de distinguer des îlots d’occupation avec des bâtiments aux contours bien définis. On doit en général se contenter de pans de maçonneries isolés qui se prêtent mal à l’interprétation.

 

4.3. Nécropole

Deux espaces funéraires ont pu être identifiés pour la période antique. Le mieux connu est celui localisé au lieu-dit Le Prieuré, qui surplombe l’espace thermal au sud. Les découvertes fortuites, anciennes et récentes, ont livré des stèles et des inhumations dont certaines avec du mobilier métallique malheureusement non daté. Le diagnostic de 2008 (Durost 2010b) est venu confirmer la vocation funéraire de cet espace grâce à la découverte d’un bûcher funéraire, même si la crémation n’a apparemment pas eu lieu sur place. Le second espace funéraire s’insère en bordure de l’axe est-ouest en direction de Langres. Pour la période médiévale, on doit mentionner le diagnostic effectué en 2004  qui a permis d’exhumer deux sarcophages datés du VIe siècle (Sindonino et Degobertière 2004).

 

4.4. Etendue supposée et remarques

L’espace thermal est la zone la plus riche en découvertes archéologiques, toutes périodes confondues, comme c’est souvent le cas pour les villes d’eaux. Au-delà nous en sommes réduits à des conjectures, basées sur des découvertes ponctuelles, et sur les diagnostics archéologiques qui se sont multipliés ces dernières années. On peut envisager que la colline du Prieuré marque la limite sud de l’agglomération. Le fond de la dépression est assaini puis couvert d’une couche de béton sur laquelle est implanté l’établissement thermal. Il se prolonge peut-être vers l’est par d’autres constructions monumentales, reconnues rue Amiral Pierre. Au sud les zones périphériques sont caractérisées par la présence d’espaces artisanaux, au Joyeux, et d’un espace funéraire, Le Prieuré. À l’est les prospections menées par J.-P. Pizelle au Breuil ont révélé une occupation, peut-être un habitat. Tant à l’est qu’au sud l’absence de véritable fouille et la position a priori isolée de ces occupations rendent difficile toute mise en relation avec le tissu urbain. Est-ce qu’il s’étend jusqu’à ces zones périurbaines, ou en sont-elles déconnectées ? La situation est encore moins claire au nord et à l’ouest. Pour autant qu’on puisse en juger le quartier d’habitat du Bas du Mont de l’Etang matérialise une limite ouest de l’agglomération. C’est peut-être pour éviter les problèmes récurrents liés aux risques hydrologiques des parcelles de fond de vallon que l’occupation s’est étendue vers le nord, sur les versants et le sommet de la colline du château. Les indices archéologiques trahissent d’ailleurs la présence de vestiges monumentaux au niveau du château, et potentiellement de zones artisanales et d’habitat plus à l’ouest. Au-delà, aucune découverte ne vient témoigner d’occupations qui se poursuivraient vers le nord.

L’agglomération antique se développe donc principalement le long de l’axe principal est-ouest, au fond du vallon et sur la colline du château, et se voit complétée dans ses marges par des espaces à vocation artisanale et funéraire.

 

5. Nature de l’occupation et pertinence des éléments de caractérisation

 

5.1. Artisanat

5.1.1. Production céramique

Le principal pôle de production céramique se situe au Joyeux et a été « fouillé » en 1935 puis en 1972-1973. L’étude récente menée par L. Alonso (Alonso, à paraître) sur un ensemble de céramiques issues des fouilles de 1972-1973 permet de considérer que cet espace était actif lors la seconde moitié du Ier siècle de notre ère.  Cet ensemble comprenait de la vaisselle de table, avec quelques exemplaires de sigillée et de terra nigra, de la céramique culinaire et des amphores. La nature du mobilier recueilli suggère que l’occupation pourrait aussi être caractérisé par la présence d’habitat et à d’une activité de tabletterie. Le second secteur de production de céramiques, localisé à l’ouest du château, paraît plus tardif. En effet le four de potier était associé à une couche de rejet de ratés de cuisson comprenant de la céramique engobée, sigillée, métallescente, à vernis rouge pompéien et commune claire. Dont la typologie permet d’avancer une datation pour l’abandon du four dans le courant du IIIe siècle (Sindonino et Degobertière 2004). D’autres fours ont été reconnus dans l’agglomération au cours du XIXe siècle (Bougard 1865, p. 620), mais nous ne connaissons pas leur position.

 

5.1.2. Travail du verre

Des indices indirects retrouvés dans le ruisseau de Borne, en particulier des boules de pâtes de verre de différentes couleurs, permettent d’envisager le travail du verre dans le bois des Epinnaies, à l’ouest de Bourbonne-les-Bains.

 

5.1.3. Tabletterie et travail de la corne

Outre les témoignages d’une potentielle activité de tabletterie au Joyeux que nous avons déjà évoqué, les preuves les plus tangibles de ces pratiques artisanales émanent de l’établissement thermal. En effet, à divers reprises, on y a trouvé des cornes d’aurochs. Un article récent d’A. Grant et de E. Sauer (Grant et Sauer 2006, p. 622-637) rend compte de la tentative d’analyse d’une partie de ces cornes conservées au musée municipal de Bourbonne. Le corpus correspond à douze cornes droites et sept cornes gauches, elles ont toutes la particularité d’avoir été nettement séparées du crâne, coupées ou cassées. Certaines présentent même des entailles au-delà de la base. L’étude radiocarbone conclue à une datation préférentielle de la première moitié du Ve siècle. On ne peut exclure la possibilité d’un dépôt tardif, mais dans ces conditions l’aspect rituel est difficilement justifiable. L’hypothèse artisanale est plus raisonnable, car l’utilisation des eaux minérales chaudes facilite la préparation des cornes. Si tel est le cas, le travail de la corne devait se poursuivre ailleurs car il n’a pas laissé de trace dans l’établissement thermal.

 

5.2. Habitat domestique

L’habitat domestique nous est essentiellement connu au travers des diagnostics de 2007 et 2011. Dans le premier cas c’est la densité des vestiges relevés par rapport à la surface réduite du diagnostic qui trahit la présence d’un quartier d’habitat formant probablement des îlots de bâtiments, dont au moins un possède une cave. Ils sont associés à une structure hydraulique, ainsi qu’à une structure appareillée par des blocs monumentaux dont la fonction n’a pas pu être établie. Ce quartier vient s’appuyer au ruisseau, dont les berges sont stabilisées par un empierrement et bordée d’un mur. Vers l’ouest, en limite de l’occupation, on remarque la présence d’une voie empierrée en provenance du nord-ouest (Durost 2008). Quant à la seconde opération, on a pu observer une voie antique est-ouest inédite avec ses aménagements bordiers (caniveaux, trottoirs, portiques). Les traces d’habitat se répartissaient de part et d’autre de la chaussée (Thévenard 2012).

Dans les deux cas, tant aménageurs antiques que fouilleurs, ont dû faire face à des problèmes d’inondation récurrents, une constante dans le fond du vallon. L’assainissement de ces secteurs à risque n’était pas aisé. Au quartier du Bas du Mont de l’Etang on a reconnu une première tentative d’assèchement combinée à un intense travail de canalisation des eaux. Des précautions qui se révéleront vite insuffisantes, et qui seront complétées par l’épandage de terres cuites architecturales afin de stabiliser le terrain et de le reconquérir aux eaux. Rue de Vellonne, des structures rectilignes associant murs maçonnés et alignements de blocs architectoniques en réemploi ont été reconnues sur toute la partie sud du chantier. On peut les interpréter comme des travaux d’assainissement et des aménagements hydrauliques entrepris dans la partie basse de l’emprise, afin de faire la jonction du versant et du fond de vallée, au détriment parfois de structures d’habitat antérieures.

 

 

5.3. Vie religieuse

La richesse des données épigraphiques contraste avec l’absence de structures dévolues au culte clairement identifié. Le statut de l’établissement thermal est pour le moins ambiguë de ce point de vue, ce qui semble être une constante dans le cas des complexes thermaux à vocation thérapeutique, dont les sources sont ici placées sous le patronage du dieu Borvo, associé à sa parèdre, Damona. Selon toute apparence le déroulement du culte ne requiert pas la présence d’aménagements monumentaux  pourtant attendus dans le cadre d’un sanctuaire, tel un temple. Une situation courante pour les lieux de culte des eaux, qui rend particulièrement difficile l’identification d’espaces sacrés. Il est probable qu’un espace réservé au culte existait, il devait correspondre la grande cour du Puisard Romain, qui s’est vue progressivement intégrée à l’établissement thermal lors des différentes étapes de son extension. Ce n’était vraisemblablement pas le cas à l’origine, lors de la première phase de construction, où le secteur du Puisard Romain était encore nettement séparé des balnéaires.

On peut aussi émettre l’hypothèse d’un second espace religieux au niveau du château, ou tout du moins monumental, en se fiant à la densité des  vestiges retrouvés, en remploi ou non, dans le secteur.

 

5.4. Installations publiques

L’établissement thermal est le seul bâtiment public connu de l’agglomération. Les vestiges présents rue Amiral Pierre, en particulier la  colonnade suivie sur plus de 50 m, pourraient appartenir à un bâtiment public si tenté qu’ils ne correspondent pas à une extension du complexe thermal vers l’est.

 

6. Chronologie et critères de datation

 

6.1. La Tène

Nous sommes particulièrement démunis pour appréhender la fréquentation du territoire de Bourbonne-les-Bains à La Tène. Nous ne disposons d’ailleurs d’aucune preuve d’une occupation humaine à cette période. Le terrain, dans sa situation antérieure aux premiers aménagements antiques, était pour le moins inhospitalier. Il prenait la forme d’un terrain marécageux où se mélangeaient ruisseaux et sources thermales, au fond de la dépression, sur une surface de un ou deux hectares.

Enfin des prospections mettent en évidence l’existence d’établissements ruraux dans un rayon de plus d’un kilomètre autour de Bourbonne-les-Bains, mais rien de concluant dans la proche périphérie. Ils sont d’ailleurs pour la plupart associés à l’époque gallo-romaine, et rares sont ceux où nous disposons d’indices qui permettraient d’envisager  une occupation dès l’époque laténienne.

 

6.2. Haut-Empire

Les marqueurs chronologiques les plus précoces permettent d’envisager que l’agglomération se met en place à partir de l’époque augustéenne, à commencer par l’aménagement de l’espace thermal. Plus précisément dans la dernière décennie du Ier siècle avant J.-C. Cette datation fine est  corroborée par la présence d’un chapiteau à acanthe symétrique retrouvé dans le collecteur des eaux au XIXe siècle. Il est issu des modèles du style du « Second Triumvirat », et même s’il affecte une typologie simplifiée comparativement aux versions urbaines, il reste un bel exemple de réalisation précoce, surtout dans ce contexte. Y. Maligorne lui attribue une datation entre 10 av. J.-C. et 10 ap. J.-C., plutôt dans la fourchette haute (Février et Maligorne 2009). Ainsi que par l’étude du dépôt monétaire retrouvé dans le Puisard Romain. Il comprenait plus de 3700 monnaies selon le dernier inventaire d’E. Sauer (Sauer 2005). De nombreux exemplaires ont disparu au fil du temps, et A. Lacordaire qui était présent lors de la découverte le 6 juin 1875 insiste sur le chiffre de 4502 monnaies (Lacordaire 1880, p. 111). Près de 89,1% des monnaies en alliage cuivreux examinées (3202 sur 3593) concernent un intervalle chronologique très réduit : la fin du règne d’Auguste. Trois séries dominent : 463 as à l’autel de Lyon dédié à Rome et à Auguste, 604 dupondii frappés à Nîmes, et surtout 1717 quadrantes avec une forte représentation des quadrantes à l’aigle (1499). On peut aussi mentionner 39 monnaies républicaines, et 1 seule gauloise (Sauer 2005, 17-90). La principale phase de dépôt est datée entre 9 av. J.-C. et 1 ap. J.-C. Les structures retrouvées au nord de l’hôpital militaire en 1991 sont un peu plus tardives, elles datent du début du Ier siècle de notre ère, et prennent place dans la zone périphérique de la couche de béton, sur des terrains marécageux asséchés (Thévenard et Moiret 1992). Malheureusement les problèmes d’inondation n’ont pas permis d’atteindre les niveaux les plus anciens lors du diagnostic effectué quelques mètres plus à l’ouest, rue de Vellonne, même si on sait que le quartier est fonctionnel dès le IIe siècle (Thévenard 2012). Nous sommes donc dans l’impossibilité de vérifier s’ils apparaissent lors du même horizon chronologique. Les investigations menées dans le secteur du casino n’ont pas permis d’atteindre les couches les plus anciennes sur toute l’emprise du diagnostic. Toutefois dans les secteurs étudiés, et malgré l’indigence des formes céramiques identifiables, retenons qu’aucune forme présente n’est antérieure à la seconde moitié du Ier siècle (Durost 2010a). C’est aussi à cet intervalle, dernier quart du Ier siècle et première moitié du IIe siècle de notre ère, qu’on associe les premiers réaménagements d’envergure du complexe thermal. Une proposition qui s’appuie sur la découverte de deux chapiteaux corinthiens Type C de Kähler d’époque flavienne (Février et Maligorne 2009). Au-delà du secteur thermal, nos informations sont bien plus limitées. Au Joyeux les catégories et des types reconnus au sein de l’ensemble céramique étudié sont caractéristiques de l’horizon de synthèse VI défini pour la Gaule Belgique, ce qui équivaut à la seconde moitié du Ier siècle (Alonso, à paraître). Un intervalle chronologique similaire peut être proposé pour les vestiges situés à la Ville Haute Ouest d’après le matériel récupéré dans le comblement d’un puits (fragments de Drag. 36 et Drag. 37 notamment). Le complexe thermal est encore très actif au cours du IIe siècle, de nouveaux réaménagements ont lieu à cette période, perceptibles entre autres grâce à cinq chapiteaux corinthiens attribuables au milieu ou au troisième quart du IIe siècle (Février et Maligorne 2009). En outre nous connaissons au moins neuf inscriptions votives datées des IIe et lIIe siècles.

 

6.3. Bas-Empire

Le déclin de l’établissement thermal s’amorce au cours du IIIe siècle, après une dernière campagne de restaurations au tout début du IIIe siècle caractérisée par une réalisation médiocre. On peut lui associer plusieurs fragments de chapiteaux corinthiens asiatiques, malheureusement retrouvés hors contexte, réalisés lors du premier tiers du IIIe siècle (Février et Maligorne 2009). La fréquentation parait se poursuivre au moins jusqu’à la seconde moitié du IVe siècle comme en témoigne des tessons de sigillée d’Argonne décorés à la molette et des monnaies du Bas-Empire recueillies dans les couches de destruction. Plus généralement on remarque qu’à cette période certains secteurs ne semblent plus entretenus, et vont rapidement se dégrader. C’est le cas des structures situées dans l’emprise du diagnostic du casino, et du portique révélé lors du diagnostic de 1991. Toutefois le complexe thermal ne parait pas pour autant délaissé dans son ensemble, et on doit plutôt considérer une rétraction progressive vers un « noyau fonctionnel » d’installations faute de pouvoir assurer l’entretien de l’intégralité d’un ensemble aussi monumental. On constate aussi une déprise au cours du IIIe siècle place de Verdun, alors que le secteur artisanal est abandonné, et plus tard rue de Vellonne, peut-être à la fin du IVe siècle.

 

6.4. Haut Moyen Age

La déprise qui débute au IIIe siècle a des conséquences certaines sur l’évolution des occupations de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Age. Nos indices sont limités, mais il est probable qu’on assiste à une rétraction de l’agglomération autour de pôles attractifs, comme on peut l’observer dans le cas d’autres agglomérations de même nature. Pour autant l’agglomération n’est pas abandonnée dans son ensemble. Une occupation du haut Moyen Age est attestée dans le secteur des thermes, peut-être associée à des activités artisanales, mais aussi place de Verdun, par l’intermédiaire d’un espace funéraire, et dans le secteur du château où les vestiges monumentaux sont peut-être réaffectés à une fonction défensive comme le sous-entendrait la désignation castrum.

 

7. Synthèse sur la dynamique d’occupation

Le passage en revue des données archéologiques permet donc d’offrir un compte rendu assez fidèle de la dynamique d’occupation sur le territoire de Bourbonne-les-Bains. Si le site a pu être fréquenté à la protohistoire, rien ne permet d’identifier des installations dans la zone marécageuse située au fond du vallon. C’est véritablement dans les dernières années du Ier siècle avant notre ère qu’il faut chercher les origines de l’agglomération. Il s’agit tout d’abord d’assainir la zone d’émergence des sources. On va dévier le cours du ruisseau de Borne, puis effectuer de lourds travaux de terrassement afin d’assécher le terrain, qui va être couvert d’une nappe de béton protectrice. On va pouvoir alors édifier le premier complexe thermal, d’envergure modeste, et peut-être « l’espace sacré » autour du Puisard Romain, qui est pour le moment déconnecté des balnéaires. C’est à cette période qu’on associe la phase de déposition monétaire la plus intense, dans un espace qui ne dispose manifestement d’aucun aménagement monumental. Au cours du Ier siècle de notre ère, l’agglomération se développe dans le fond du vallon, et sur la colline du château. L’habitat du Bas du Mont de l’Etang fixe la limite ouest du tissu urbain, et au nord aucun aménagement ne parait s’implanter au-delà de la colline. La situation est plus ambiguë au sud et à l’est. Est-ce que les occupations du Joyeux et du Breuil font partie intégrante de l’agglomération ? Où forment-elles des îlots périurbains déconnectés de la trame urbaine principale ? Aux Ier et IIe siècles l’agglomération parait donc en plein essor. Elle s’organise préférentiellement le long de l’axe viaire est-ouest, sur des terrains pourtant caractérisés par un fort risque hydrologique contre lequel on va s’efforcer de se prémunir tout au long de l’Antiquité. Ce n’est qu’au cours du IIIe siècle qu’on commence à percevoir un léger déclin, en particulier au niveau de l’espace thermal. La rétraction du tissu urbain observable dans d’autres agglomérations apparait de façon moins franche à Bourbonne-les-Bains. Est-ce la conséquence de l’état de la recherche, ou l’agglomération est-elle moins impactée pour les troubles connus à cette période ? La fréquentation de l’établissement thermal se poursuit au début du IVe siècle, mais progressivement l’entretien de certaines zones n’est plus assuré. Elles sont ensuite abandonnées. Les premiers indices de l’occupation au haut Moyen Age sont datés des VIe et VIIe siècles. Le secteur thermal est peut-être réinvesti au travers d’activités artisanales liées au travail de la corne, sans certitude. On peut émettre l’hypothèse que c’est surtout dans le secteur de la colline du château que la population doit s’être repliée, ce que suggère la présence d’un espace funéraire place de Verdun, et la réaffectation potentielle des installations monumentales sur les vestiges desquelles vont s’installer les deux châteaux médiévaux.

 

8. Perspectives de recherche

Nous sommes naturellement inclinés à porter notre regard vers l’espace thermal, mais l’intensité des réaménagements dont cette zone a été victime depuis l’Antiquité en limite les perspectives. À noter tout de même que les vestiges des fouilles de 1977 et 1978 ont été conservés sous l’établissement thermal actuel. De la même manière, il est peu probable qu’on puisse lever le voile sur les interrogations qui pèsent sur l’occupation ancienne au niveau du château. Du point de vue de la conservation des vestiges ce sont les secteurs situés en bordure du ruisseau de Borne qui offrent le plus d’opportunités, tant leur préservation parait excellente comme viennent le confirmer les rapports d’opération relatifs aux diagnostics réalisés au Bas du Mont de l’Etang (Durost 2008, p. 16-17) et rue de Vellone (Thévenard 2012, p. 69). En contrepartie ces parcelles sont soumises à des risques hydrologiques permanents qui rendent difficile toute intervention archéologique. Mais c’est un problème constant à Bourbonne-les-Bains. Enfin, il paraitrait aussi opportun d’orienter la poursuite des recherches vers le Joyeux et le Breuil, afin de préciser la nature de ces occupations.

 

9. Bibliographie

 

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Damien Vurpillot

Illustrations Bourbonne les Bains