Saint-Aubin (Jura)

1. Localisation et emprise connue de l’occupation

 

Commune située en plein cœur du Finage dolois à 3 km au sud de Tavaux, Saint-Aubin possède sur son territoire un nombre remarquable de sites archéologiques repérés depuis les années 1970 par les multiples prospections aériennes et pédestres. La commune possède également au sud-est plusieurs carrefours routiers régionaux organisés avec un des tronçons de la voie d’Agrippa reliant Besançon à Châlon-sur-Saône. Ce dernier, repris aujourd’hui par la RD 673, constitue la limite communale avec la commune de Champdivers. Cette commune, alors située en bordure du Doubs possède aussi sur son territoire quelques sites archéologiques d’importance, et notamment des villas. Au lieu-dit Pré Commarin, à cheval sur les communes de Saint-Aubin et Champdivers, à un carrefour routier antique entre la voie de Dijon et la voie d’Agrippa, se développe un important site d’habitat entre le Ier et le IIIe siècle. Au regard de sa position géographique, de l’importance des découvertes et de la superficie des vestiges, ce site fut très tôt considéré comme une petite agglomération antique de bordure de voie (mantio ?) (Feuvrier, Brune 1920, p. 111). Il est toutefois difficile de confirmer ou d’infirmer aujourd’hui cette hypothèse manque de données récentes sur son organisation spatiale.

 

 

2. Cadre naturel

 

Situé entre la Saône et le Doubs, à la limite de la Bourgogne et de la Franche-Comté, le Finage présente de nombreuses particularités qui en font un terroir comtois original. Entre Saône et Doubs, la géologie du Finage, qui se prolonge en Côte-d’Or et en Saône-et-Loire, est très liée aux deux grandes rivières qui la bordent. Le Doubs, puissant et capricieux a, par ses alluvions, façonné le paysage et le sous-sol. À l’ouest, la Sablonne, affluent de la Saône, draine les terrains en traversant la commune de Saint-Aubin. La répartition des sols se fonde sur leur comportement à l’égard de l’eau, à l’ouest les sols sont donc légers. Sous l’effet de la pluie et de la sécheresse, ils se transforment en poudre blanchâtre que pousse le vent : c’est le Finage à sol blanc, qui n’est pas le plus riche. À l’est et au nord-est, en direction du Doubs les sols sont argileux, limoneux et légèrement sablonneux. Lourdes, profondes, sombres, difficiles à travailler ce sont les meilleures terres. Depuis les communes les plus hautes, Tavaux, Molay, Choisey et Gevry, la vaste plaine nue s’étale vers le sud uniformément : paysage ouvert sans clôture, sans haie, sans talus, sans chemin creux, au climat semi-continental, humide, exposé aux vents d’ouest. L’altitude moyenne de cette micro-région s’élève alors à 200 m.

 

 

3. Etat des connaissances

 

3.1. Sources

Aucun texte antique ne vient faire mention du possible site aggloméré de Saint-Aubin/Pré Commarin, ni d’autre groupement dans la région du Finage. Seule l’archéologie nous amène alors toutes les preuves d’une importante occupation du Finage et notamment sur les installations en bordure de voie.

 

3.2. Historique des recherches

Cette commune, traversée par l’itinéraire ancien dit de la voie d’Agrippa reliant Châlon à Besançon, comporte une occupation relativement riche, toutes périodes confondues. Les découvertes résultent toutefois pour l’essentiel des recherches récentes : analyses des clichés des missions aériennes de l’IGN, prospections aériennes par G. Chouquer ou P. Nowicki et prospections pédestres.

Les premières études archéologiques entreprises au début du XXe siècle, sous l’impulsion de Julien Feuvrier dans la région de Dole et du Finage, ont permis de réaliser un inventaire des découvertes (nécropoles, voies, mottes…) et de proposer des hypothèses d’organisations spatiales (Marquiset 1841-1842 ; Rousset 1853-1858 ; Feuvrier, Vuillermet 1903-1904). Ainsi, des études synthétiques ont été réalisées jusque dans les années 1930, dont est issue par exemple, la synthèse des réseaux viaires qui proposera, entre autres, le rôle primordial de Tavaux comme nœud routier dans le système de communication du Finage, pour la période antique (Feuvrier, Brune 1920). De nouvelles recherches sont entreprises au début des années 1970 par N. Jeannin, puis G. Chouquer. Les hypothèses sont alors réexaminées puis remises en cause. Des études interdisciplinaires (prospections pédestre et aérienne, photo-interprétation…) permettent de proposer ainsi, des modèles d’occupations plus élaborés pour comprendre l’organisation spatiale des implantations humaines, tout en cherchant à appréhender certaines structurations du terroir, depuis la protohistoire.

 

Pour le secteur de Saint-Aubin, ce sont essentiellement les prospections aériennes effectuées à partir de 1976 par G. Chouquer (1976 ; 1976-1977 ; 1979 ; 1980 ; 1981 ; 1983 ; 1986 ; 1988, p. 24-27, 29, 33, 40, 43 ; 1989, p. 24-27, 29-33, 40-43 ; 1992), puis les campagnes de prospection systématique au sol (Jeannin et alii. 1978 ; Chouquer 1988, p. 59-95 ; 1989, p. 55-102 ; 1990) qui ont révélé la densité de l’occupation antique. L’habitat est alors clairement lié aux cours d’eau, évitant les marécages et tenant compte de la différence des sols. Les prospections au sol (Chouquer 1990, p. 7-9) menées sur environ 650 ha ont montré l’importance, sur la quasi-totalité de la commune et des champs prospectés, de l’épandage de matériel céramique antique, surtout d’époque romaine. Pour G. Chouquer, « l’hypothèse la plus convaincante est de relier cet épandage à la longue pratique de la fumure avec transport de fumier et de débris depuis les habitats antiques. En outre, sur toute la commune, ces prospections ont permis de détecter 74 sites (15 pré ou protohistoriques, 49 sites d’époque romaine, 10 sites d’occupation médiévale). Ces découvertes donnent donc un site pour un peu moins de 10 ha prospectés.

En 1999 le secteur situé autour du village actuel de Saint-Aubin a été de nouveau prospecté par L. Jaccottey dans le cadre d’un projet lancé par la carte archéologique du S.R.A. de Besançon, visant à dresser la carte archéologique communale. Ces recherches de terrain, combinées à la collecte de l’ensemble des informations disponibles, ont permis de recenser 464 sites ou découvertes isolées, de les localiser précisément et de dresser des cartes synthétiques. La carte archéologique de la Gaule consacrée au département du Jura reprend en grande partie ces résultats (Rothé 2001, p. 614-630).

L’ensemble de ces recherches ont permis de mettre en évidence, sur cette vaste commune, un grand nombre de sites dont cependant la nature ou la datation ne peuvent souvent être évaluées précisément, faute de fouille. Ainsi, pour la période protohistorique, malgré les 41 sites recensés parmi lesquels sont mentionnés des enclos fossoyés interprétés comme de probables fermes indigènes, l’occupation reste relativement mal connue puisque les découvertes bien datées sont extrêmement rares. De prime abord, nos connaissances relatives à la période romaine semblent davantage étoffées puisqu’un nombre plus important de sites ont été recensés et qu’on dispose pour certains d’entre eux des plans et/ou d’éléments de datation. Quant à l’occupation du Moyen-Age, bien qu’elle ne soit attestée que par 8 sites, elle n’en demeure pas moins des plus intéressantes puisque deux enclos villageois dont l’origine semble remonter au haut Moyen-Age ont été identifiés de part et d’autre du village actuel.

 

 

4. Organisation spatiale

 

            4.1. Voirie

La commune est limitée au sud-est par la grande voie d’Agrippa, signalée sur la Table de Peutinger, qui reliait Châlon-sur-Saône à Besançon (par l’actuelle RD 673, ancienne RN 73) (UD n° 1). Deux autres voies s’y rattachaient sur la commune : l’une venant d’Autun et du territoire éduen sert de limite sud (avec la commune de Tichey) avant de rejoindre la RN 73 à la Borde Dame Nicole ; la deuxième arrivait de Dijon, par Saint-Jean-de-Losne (21) (Feuvrier, Brune 1920, p. 111, 120 ; Chouquer 1993, p. 48-49).

La voie d’Autun qui reliait les Eduens et les Séquanes forme la limite sud de la commune (UD n° 2). En 1920, cette voie « solidement empierrée » était bien visible entre Borde Dame Nicole (où elle atteint la voie d’Agrippa) et le Bois de la Bauche, au sud de Pagny-le-Château. Elle se détache de la voie de Châlon-sur-Saône à Besançon à la Borde Dame Nicole, puis se poursuit par « une ligne courbe dont la convexité est tournée au sud ; après un parcours de 3 400 m, elle traverse la Sablonne […] ; emprunte cette ligne séparative des deux départements en allant vers l’ouest ; coupe le chemin de Saint-Loup à Saint-Aubin à 2 200 m au sud de cette dernière localité ; franchit le Cleux ; se continue en ligne droite jusqu’au point où la limite des départements prend brusquement la direction nord ; entre en Côte d’Or en suivant la ligne de séparation entre les territoires de Franxault et de Montagny […] » (Feuvrier 1923, p. 92).

Une autre voie romaine, qui apparaît sur le cadastre de 1820 sous le nom de Chemin d’Argand, relie Saint-Aubin à Dijon par Saint-Jean-de-Losne (UD n° 3). Elle se détache de l’axe Châlon-Besançon au niveau d’une probable petite agglomération antique à Pré Commarin/Corvée de l’Orme, puis prend une direction sud-est/nord-ouest. L’abbé Brune l’a reconnue de Saint-Aubin jusqu’à la Forêt de Pochon, à Losne (Feuvrier, Brune 1920, p. 111, 122 ; Feuvrier 1923, p. 93). Une partie de cette voie fut reconnue en 1994, puis en 1995, lors d’une fouille réalisée au lieu-dit Pré de Bresse (Watts, Pautrat 1995). La voie a été vue « bordée de part et d’autre par une série de quatre fossés. Deux fossés de parcellaires étaient en contact avec les fossés extérieurs nord de cette voie » (Chopelain 1994, p. 85). Les fouilles de 1995 ont montré que son emplacement était occupé à l’époque protohistorique (d’après la présence de structures du Bronze Moyen et surtout de traces de labours fossiles sur au moins 135 x 15 m). Repérée sur 220 m, cette voie (larg. 8,50 m), légèrement bombée, présente une orientation nord-ouest/sud-est. Elle est constituée d’une couche de graviers de 15 à 20 cm d’épaisseur reposant sur une couche de remblais limono-argileuse qui ne dépasse pas 25 cm d’épaisseur. Elle présente une surélévation d’environ 50 cm par rapport au niveau de sol de construction restitué. Sur le cailloutis de la chaussée a été retrouvée de la céramique romaine écrasée pouvant permettre d’attribuer sa construction à l’époque augustéenne (Watts 1995, p. 107-108).

 

4.2. Le bâti

Les sites archéologiques repérés à Saint-Aubin sont assez nombreux mais leur caractérisation reste assez difficile dans l’état actuel de la recherche. Dans la zone étudiée, les traces d’occupation protohistorique remontent à La Tène finale et correspondent à des fermes indigènes (UD n° 9 et 12). Seule la découverte d’un enclos associé à du mobilier protohistorique et gallo-romain permettent de dater la structure de l’UD n° 9. En ce qui concerne l’UD n° 12, cet ensemble est caractérisé par la présence d’un grand enclos quadrangulaire, à triple fossé, parallèle à la voie d’Agrippa. D’après G. Chouquer, il pourrait s’agir d’une ferme indigène romanisée (1989, p. 4, 42). Un contrôle au sol a révélé au nord du site, à l’extérieur de l’enclos, un site gallo-romain relativement luxueux matérialisé par une petite concentration de matériaux de constructions et de mobilier : tesselles en pâte de verre, placage en quartzite micassée, scories de fer, fragment de meule en grès grossier, amphore italique, céramique sigillée, céramique métallescente, anneau en verre… (Chouquer 1988, p. 91).

Dès l’époque gallo-romaine, le Finage Dolois est intensément occupé. Les indices d’occupation sont nombreux dans la zone d’étude : UD n° 6, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19 ; allant de quelques tessons retrouvés au sol, accompagnés de matériaux de construction, à des indices plus conséquents avec notamment la mise au jour des structures bâties composant la villa. Dans cette dernière catégorie, deux sites sont maintenant relativement bien connus. Le premier est un important établissement rural situé sur la commune de Champdivers, à Navarosse, non loin du Doubs (UD n° 19). Cette villa est composée de quatre bâtiments semblant être clôturés par un mur. Le bâtiment principal comporte une galerie de façade orientée à l’est et encadrée de deux tours d’angle, un second bâtiment comporte également une galerie de façade, les deux autres présentent une forme rectangulaire. Le deuxième établissement rural bien connu et celui du Mazeret, sur la commune de Saint-Aubin, au sud de la voie de Dijon (UD n° 6).

 

            4.2.1. La villa du Mazeret (UD n° 6)

Important établissement rural de type villa, cet ensemble de structures était encore considéré comme étant une agglomération antique il y a peu. Le site oppose une partie résidentielle luxueuse (à l’ouest) à des communs composés de pavillons organisés autour d’une cour. Ce site a livré des éléments caractéristiques des riches établissements ruraux avec notamment des balnéaires ou des mosaïques, qui sont systématiquement absentes des agglomérations antiques (Nouvel 2007). Les indices qui permettaient jusque-là de les classer parmi les sites urbains (grande superficie, richesse, monumentalisation…) apparaissent au contraire aujourd’hui comme des critères discriminants. Ils ont d’ailleurs été récemment replacés dans la catégorie des villae (Ferdière et al. 2010).

 

            4.2.2. L’agglomération antique du Pré Commarin (UD n° 4 et 5)

Au carrefour de la RD 50 et de la RN 73 se trouve un important site antique pouvant correspondre à une petite agglomération routière, comme le suggérait déjà J. Feuvrier en 1920. Déjà au XIXe siècle, D. Collinet y avait trouvé des « pierres énormes ». Fouillé en 1914 par J. Feuvrier, ce site aurait livré « des monnaies romaines […], des tuileaux à rebords, des fragments de corniches », des morceaux d’amphores, de petits vases et une « aire en ciment d’environ 60 cm d’épaisseur ». Son emplacement sera de nouveau repéré en 1959, puis vers 1974 et 1976 suite à des labours profonds. En 1978 et en 1985, des prospections aériennes de R. Goguey permettent de repérer des vestiges de bâtiments le long de la RN 73, au Pré Commarin. Face à ce site, sur le côté oriental de la route, d’autres vestiges sont repérés en prospection aérienne et pédestre, à la Corvée de l’Orme. Une rapide observation au sol permet de mieux mesurer l’étendue du site. Il présente de grosses concentrations de tuiles, mais très peu de mobilier au sol.

Le plan des vestiges repérés sur à peine 1 hectare, ne permet pas encore à ce jour de dire s’il s’agit réellement d’un habitat groupé. Quelques pièces alignées le long de la voie d’Agrippa, organisées autour d’une cour, sont les seuls vestiges repérables. Toutefois, la position géographique du site, à un carrefour de route important, et la répartition générale des vestiges, de part et d’autre de la voie d’Agrippa, peuvent être des indices pour confirmer la présence d’une agglomération antique à cet endroit.

 

            4.3. Nécropole.

À 500 m du site présumé aggloméré, ont été récemment repérés des vestiges attribuables à une nécropole rural datée du Haut-Empire (UD n° 20). Située aux Saives, sur la commune de Champdivers, sur le côté oriental de la voie d’Agrippa, cette nécropole fait actuellement l’objet de sondages et de fouilles afin d’en vérifier l’étendue réelle (Ancel 2013).

Des découvertes réalisées au début du XXe siècle permettent de localiser une nécropole mérovingienne à La Corvée de Chaux, non loin du village actuel, en lien avec l’habitat alto-médiéval (UD n° 7) repéré par prospection aérienne et pédestre dans les années 1980 (Chouquer 1993, p. 87). Des sépultures sont mentionnées sur ce site : à proximité de l’ancienne église de la Corvée de Chaux (détruite lors de la révolution), en 1905-1906 ont été découvertes des sépultures ; l’une d’elles a livré « une agrafe de suaire mérovingienne » (conservée au musée de Dole). Dans le cimetière de Notre Dame de la Chaux, « le long d’un chemin de desserte allant du chemin de Peseux à celui de Champdivers », à proximité de la Sablonne, J. Feuvrier signale l’existence de fragments de « vases burgondes », des sépultures superposées et des tombes datant du XVIIIe siècle. Dans le champ de la Visenne entre la RD 50 et la RD 222, près de la voie romaine, en 1969, on a également trouvé des sépultures mérovingiennes en sarcophages (UD n° 8).

 

4.4. Etendue supposée et remarques

En raison du manque de connaissances que nous avons sur ce site, il est difficile d’estimer la superficie exacte de l’occupation. Les vestiges au sol sont toutefois repérables sur une surface d’environ 3 ha de part et d’autre de la voie d’Agrippa.

 

 

5. Nature de l’occupation et pertinence des éléments de caractérisation

 

5.1. Artisanat, habitat domestique…

La seule mention d’activité artisanale repérée au sein du site de Pré Commarin provient des prospections pédestres où a été mise en évidence « une importante concentration de scories sur 15 m de diamètre ». Ces restes de déchets de métallurgie pourraient permettre de placer dans l’habitat une activité métallurgique dont il est difficile de donner son étendue dans l’état actuel de la recherche. En l’absence de plan complet de l’habitat, il est également difficile de réellement caractériser l’occupation du site. Seul le mobilier découvert sur place nous permet d’affirmer que nous sommes en présence d’un habitat : tuiles, moellons, mobilier céramique (sigillée, commune claire et sombre, paroi fine…), crémaillère en fer, monnaies… etc.

 

 

6. Chronologie et critères de datation

 

Le manque de données de fouille archéologique sur le site du Pré Commarin et de la Corvée de l’Orme rend difficile de mieux cerner la chronologie d’occupation de cette petite agglomération de bordure de voie.

 

6.1. La Tène D

Deux monnaies datées de La Tène D (BN 5368) découvertes à la Corvée de l’Orme pourraient permettre de situer une occupation protohistorique à cet endroit. Toutefois, les éléments sont beaucoup trop ténus pour pouvoir l’affirmer.

 

6.2. Le Haut-Empire

La probable agglomération antique de Saint Aubin, au Pré Commarin, se développe de part et d’autre de la voie d’Agrippa entre le Ier et le IIIe siècle de notre ère d’après les informations récoltées au cours des multiples prospections pédestres réalisées sur le site. Le mobilier comprend majoritairement : de la céramique sigillée Drag 37 de la Graufesenque, Drag. 46, Drag. 29, de la sigillée de Lezoux (potier X3, Drag 33 signé Iullini m), de la céramique métallescente ou encore de la paroi fine, parfois avec décor guilloché (IIe-IIIe siècle).

 

6.3. Le Bas-Empire

Le site du Pré Commarin ne semble plus occupé au-delà du début du IVe siècle, contrairement à la grande villa du Mazeret qui, elle, connaît une occupation jusqu’au milieu du IVe siècle environ.

 

6.5. Le haut Moyen-Age

Dès la période mérovingienne, aux alentours du VIe siècle s’opère un déplacement de l’occupation entre le site de la villa du Mazeret et un petit village identifié au lieu-dit Corvée de Chaux sur la rive sud de la Sablonne, au sud du village actuel (UD n° 7). En effet, les traces d’un habitat mérovingien et carolingien, qui donna naissance, au XIe siècle, à un site religieux (chapelle dédiée à Notre Dame), y ont été observées. Cet habitat correspondrait au Maceriae du début du VIIIe siècle cité dans les textes du cartulaire de l’abbaye de Flavigny (Chouquer 1993, p. 87). G. Chouquer y a identifié sur un cliché de l’IGN, en 1978, un enclos en partie fossile, en « forme d’oreille » interprété comme un site du haut Moyen-Age. Lors d’une prospection pédestre à l’extrémité septentrionale de l’enclos, G. Chouquer a repéré de la céramique romaine ainsi que de la céramique médiévale avec des tuiles et des briques vernissées (Chouquer 1989, p. 77). Ce site est associé à une petite nécropole autour de la chapelle (UD n° 8).

 

 

7. Synthèse sur la dynamique d’occupation

 

La commune de Saint-Aubin recèle un nombre important de sites protohistoriques et antiques, connus en très grande partie par les seules opérations de prospections pédestres organisées sur la région depuis les années 1970. Parmi ces sites, plusieurs se détachent de par leur niveau de connaissance : l’importante villa du Mazeret, une probable agglomération antique au Pré Commarin et l’habitat médiéval de la Corvée de Chaux. Ainsi, au carrefour des voies de Dijon et Châlon-Besançon, au lieu-dit Pré Commarin/Corvée de l’Orme, se développerait un habitat présumé groupé entre le Ier et le IIIe siècle de notre ère. Son étendue, d’une superficie d’environ 3 ha, n’est connue que par des prospections au sol, alors que son organisation spatiale reste ignorée en grande partie. Les structures repérées se retrouvent de part et d’autre de la voie et prennent la forme de petites pièces autour d’une cour centrale. La nécropole présente à 500 m au nord, aux Saives, pourrait également faire partie de cet ensemble d’habitats. En l’état actuel des recherches, le site du Pré Commarin reste dans la catégorie des agglomérations antiques hypothétiques. Seule la répartition des vestiges, leur étendue et leur positionnement autour d’un carrefour routier régional d’importance nous amènent à placer une agglomération sur ce lieu-dit.

 

 

8. Perspectives de recherche

 

Les futures recherches menées sur le site du Pré Commarin et de la Corvée de l’Orme seront destinées à confirmer ou infirmer l’hypothèse d’une agglomération antique à ce carrefour de voies. Une prospection géophysique sera le moyen le plus direct afin d’obtenir un plan des structures enfouies.

 

 

9. Bibliographie

 

Ancel 2013 : ANCEL (M.-J.) – Fouille programmée de la nécropole antique des Saives – Champdivers (39), SRA Franche-Comté, Besançon, 2013, 129 p.

 

Canet 2000 : CANET (S.) – Prospection-inventaire dans la basse vallée du Doubs : Molay, Champdivers, Peseux-canton de Chemin (Jura), Mémoire de Maîtrise, Université de Franche-Comté, Besançon, 2000, 190 p.

 

Chopelain 1994 : CHOPELAIN (P.) – Saint-Aubin, Pré de Bresse, Bilan Scientifique, 1994, p. 85.

 

Chouquer 1976 : CHOUQUER (G.) – Archéologie aérienne en Franche-Comté, Campagne de 1976, SRA Franche-Comté, Besançon, 1976, 8 p.

 

Chouquer 1976-1977 : CHOUQUER (G.) – Prospection aérienne en Franche-Comté : rapport d’activités en 1976 et 1977, SRA Franche-Comté, Besançon, 1976-1977, 17 p.

 

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Loïc Gaëtan

Illustrations Saint Aubin