1. Localisation et emprise connue de l’occupation
Située à l’extrême sud du territoire Séquane, dans le département actuel du Jura, la commune d’Arinthod possède sur son territoire quelques vestiges antiques dont l’attribution à un habitat groupé reste encore très hypothétique. La découverte d’une inscription lapidaire amène en tout cas à placer ici un sanctuaire, dont la localisation est encore inconnue. Le village se développe à un petit carrefour routier régional sur un plateau qui domine à l’ouest l’étroite vallée de la Valouse.
2. Cadre naturel
La commune d’Arinthod englobe aujourd’hui trois hameaux : Le Moulin, Vogna et Néglia, pour une population de 1160 habitants. Arinthod est nichée à une altitude de 444 m, au sud de la Franche-Comté, dans une région que l’on appelle la Petite Montagne. Cette micro-région fait partie intégrante du massif jurassien avec un relief assez tourmenté car les plateaux sont profondément entaillés par la Valouse, un petit cours d’eau qui se jette dans l’Ain et qui traverse la commune d’Arinthod à l’ouest.
3. Etat des connaissances
Au cours du XIXe siècle de nombreuses découvertes sont réalisées sur la commune sans que celles-ci ne soient localisées (UI n° 5). Ces découvertes révèlent une occupation du territoire depuis la période laténienne avec la mise au jour de monnaies, de bracelets ou d’anneaux en bronze (Millotte 1963, p. 260, pl. IV, 14). Les monnaies, toutes périodes confondues, composent la majeure partie des découvertes effectuées à Arinthod. Ainsi, plus de 1000 monnaies romaines ont été mises au jour depuis le XVIIIe siècle, et mentionnées par les divers érudits locaux (Monnier 1819, p. 185 ; Trémeaud 1833, p. 15). Également au début du XVIIIe siècle (« avant 1703 »), une inscription dédiée à Mars Segomo fut découverte dans le mur de l’église d’Arinthod (UI n° 1). À l’exception des découvertes effectuées à Villards-d’Héria et Lavans-lès-Dole, il s’agit de l’unique inscription lapidaire religieuse mise au jour dans le département du Jura. Celle-ci est alors le seul indice, avec les monnaies, permettant de localiser un sanctuaire (ou une agglomération) sous le bourg actuel d’Arinthod (Rousset 1853-1858, I, p. 66 ; Thévenot 1955, p. 51).
Une campagne de prospection-inventaire et d’étude documentaire fait le point, en 1994, sur les diverses découvertes réalisées dans la commune (Jeudy 1994). Toutes ces trouvailles restent anciennes et aucune découverte récente n’est venue confirmer l’existence d’un sanctuaire ou d’une agglomération antique sous le village.
4. Organisation spatiale
L’occupation antique du territoire d’Arinthod est connue à travers un ensemble de découvertes non localisées attestant la fréquentation du site entre la période laténienne et le haut Moyen-Age. Les structures restent, quant à elles, inexistantes. Le village actuel d’Arinthod se superpose sans doute à une agglomération antique ou un sanctuaire situé à un carrefour de deux voies est-ouest et nord-sud. Le premier correspond à une voie reliant Genève à Chalon-sur-Saône (UD n° 1), alors que le second, nord-sud, relie Salins-les-Bains à Izernore en passant par la Petite Montagne (UD n° 2).
L’attestation d’un sanctuaire, sans doute situé sous ou autour de l’église du village, repose sur l’unique découverte, avant 1703, de l’inscription suivante : Marti Sego / moni sacr / um Paternus / Dagusae f(ilius) / v(otum) s(olvit) l(ibens) m(erito). Les monnaies découvertes en nombre à Arinthod (plus de 1000) peuvent être un indice supplémentaire à la localisation d’un sanctuaire important sous le bourg (UD n° 3 et 4). Néanmoins, à ce jour, aucune preuve n’est venue conforter cette hypothèse.
5. Nature et caractérisation de l’occupation
En l’absence de données, il est impossible de préciser davantage la nature de l’occupation.
6. Chronologie et critères de datation
Les découvertes sur le territoire d’Arinthod sont beaucoup trop faibles pour pouvoir établir la chronologie de fréquentation d’une potentielle agglomération. Les découvertes, non localisées, faites sur la commune laissent toutefois apprécier une fréquentation des sites allant de la période laténienne au haut Moyen-Age.
6.1. La Tène
Parmi les découvertes les plus anciennes se trouvent : 8 bracelets et anneaux en bronze datés de la Tène, 1 bracelet aux extrémités en col de cygne de La Tène B2 de Reinecke, 2 anneaux avec des extrémités aplaties en palettes, 1 anneau massif uni et 4 bracelets filiformes (Millotte 1963, p. 260). Deux statères d’argent attribués aux Baiocasses au guerrier sous le cheval (type BN 6978) ainsi qu’un statère d’or anépigraphe attribué aux Arvernes ont également été mis au jour sur la commune (Jeunot 2000, p. 15).
6.2. Haut et Bas-Empire
Là aussi les monnaies constituent le mobilier le plus répandu permettant d’attester d’une occupation durant l’époque antique à Arinthod. Plus de 1000 monnaies ont été mises au jour sur la commune, les unes de la République, les autres des Haut et Bas-Empires. Presque aucune n’a fait l’objet de description, si ce n’est une monnaie d’argent de Caracalla et un petit bronze de Valens (Chevalier 1767, p. LIX).
6.3. Haut Moyen-Age
Des monnaies de l’époque mérovingienne ont aussi été mises au jour avec notamment 10 monnaies (D/ tête barbue couronnée et peut-être les lettres CHILD) (Archives Départementales Jura). De plus, l’existence de 4 triens en or (trouvés en dehors du département), à la légende argentao, vaut à Arinthod l’attribution d’un atelier monétaire mérovingien. Ces monnaies ont été étudiées par G. Depeyrot (1998) : 2 sont du type 16-1A (croix, VII en couronne, 620-640), une autre est du type 16-3A (croix sur degré, 2 lettres en couronnes, 620-640) et la quatrième appartient au type 10-1D (croix sur degrés, VII sur couronne, 600-620).
7. Synthèse sur la dynamique d’occupation
Peu d’éléments permettent aujourd’hui d’attester une occupation groupée antique sous le village d’Arinthod. Malgré l’existence d’un carrefour routier régional et la présence attestée d’un sanctuaire dédié à Mars Segomo, les vestiges de l’occupation antique sont totalement inexistants. Seuls quelques indices mobiliers permettent d’attester d’une fréquentation des lieux durant toute l’époque antique. La période mérovingienne est, quant à elle, attestée grâce à une dizaine de monnaies permettant de situer une occupation de nature inconnue dans le village. Cette occupation est complétée par la présence d’une petite nécropole repérée au sud. Arinthod se trouve alors sur une voie nord-sud traversant toute la région de la Petite-Montagne, où l’on retrouvera les agglomérations déjà attestées de Salins (39) ou d’Izernore (01), à l’ouest du Haut-Jura. Le manque de données et de recherches récentes sur ce secteur ne permet pas encore de renouveler la documentation concernant le site antique, et de confirmer cette présence.
8. Perspectives de recherche
Le recouvrement urbain moderne empêche aujourd’hui presque toute recherche sur le site d’Arinthod. Il faudra donc être vigilant aux futurs travaux menés au cœur du village. Ces derniers sont le seul moyen de vérifier l’existence d’une occupation antique sous le bourg.
9. Bibliographie
Chevalier 1767 : CHEVALIER (F.-F.) – Mémoires historiques sur la ville et la seigneurie de Poligny, Delhorme, Lons-le-Saunier, 1767, 485 p.
Depeyrot 1998 : DEPEYROT (G.) – Le numéraire mérovingien – l’Age d’or, Collection Moneta, Wetteren, 1998, 2 vol., 199 et 190 p.
Jeudy 1994 : JEUDY (F.) – Rapport de prospection du canton d’Arinthod, SRA Franche-Comté, Besançon, 1994, 256 p.
Jeunot 2000 : JEUNOT (L.) – Les monnaies gauloises issues de fouilles et de prospections entre Saône et Rhin, Mémoire de DEA, Université de Franche-Comté, Besançon, 2000, 206 p.
Millotte 1963 : MILLOTTE (J.-P.) – Le Jura et les plaines de la Saône aux âges des métaux, Les Belles Lettres, Paris, 1963, 452 p.
Monnier 1819 : MONNIER (D.) – Essai sur l’origine de la Séquanie et sur celle des contrées qui la composaient et des lieux qui en faisaient partie, Gauthier, Lons-le-Saunier, 1819, p. 117-204 (Almanach historique et agronomique de la préfecture du Jura, 1819).
Rothé 2001 : ROTHE (M.-P.) – Arinthod, Carte Archéologique de la Gaule : Le Jura 39, Académie des Inscriptions et des Belles Lettres, Paris, 2001, p. 203-204.
Thévenot 1955 : THEVENOT (E.) – Sur les traces des Mars celtiques, entre Loire et Mont-Blanc, De Tempel, Brugge, 1955, 172 p.
Trémeaud 1833 : TREMEAUD – Observations sur divers objets d’antiquité découverts dans le Jura, Séance publique de la S.E.J. du 30 novembre 1833 (1834), 1833, p. 13-19.
Loïc Gaëtan