Champallement, bois de Compierre (Nièvre)

1.    Localisation et emprise connue de l’occupation

Le site de Compierre se trouve actuellement dans les communes de Champallement et de Saint-Révérien dans le département bourguignon de la Nièvre. On ignore le nom antique de cette agglomération qui est aujourd’hui conservé sous couvert forestier.

L’agglomération s’organise de part et d’autre d’un axe routier nord-sud qui est en fait la voie antique reliant Autun-Augustodunum et Orléans-Cebanum. L’extension maximale de l’agglomération semble être d’une quinzaine d’hectares, l’occupation s’étend sur 800 mètres de long et 200 à 300 m de large autour de l’axe routier. Cette agglomération se trouvait sur les territoires des Eduens, en bordure occidentale de la cité.

Au moins une villa est connue dans les environs, notamment grâce aux photographies aériennes de R. Goguey.

2.    Cadre naturel

2.1.                Topographie et hydrographie

L’agglomération culmine à 312 m d’altitude. Elle se trouve en limite ouest du Morvan, en bordure d’un léger relief. Le contrebas de la colline sur laquelle est installée l’agglomération est aujourd’hui occupé par des étangs, mais il existe un cours d’eau qui délimitait probablement l’occupation à l’ouest de l’agglomération. De plus, au sud du théâtre, en limite d‘occupation connue, une zone très humide est présente, avec notamment la présence de deux digues construite à une époque incertaine.

2.2.                Géologie

Géologiquement, la partie ouest de l’agglomération se trouve sur un complexe argilo-gypsifère. La région de Champallement se trouve dans une zone de factures dues à des variations de niveau du socle cristallin du Morvan. Du gré fin et des bancs de calcaires durs sont présents à proximité de l’agglomération. De plus des affleurements d’oolithes ferrugineuses sont observés et étaient encore exploités au début du XIXe siècle.

3.    Etat des connaissances

3.1.                Sources

La plus ancienne mention textuelle des bois de Compierre date de 1780 dans un procès-verbal de l’Inspecteur Doloret, inspecteur du Duché du Nivernais, il fait alors état de 77 hectares de forêts. L’essentielle de la documentation actuelle provient de publications dans les bulletins des sociétés savantes de Clamecy et de Nevers ou d’articles divers, une très grande partie de la documentation a été regroupée et archivée par M. Bonneau.

De très rares inscriptions ont été retrouvées au XIXe et au XXe siècle. Elles sont trop lacunaires pour apporter des informations conséquentes. Elles proviennent par exemple de stèles funéraires ou de blocs provenant du théâtre, une se trouve par exemple sur une fusaïole provenant d’Autun (CIL XIII n°2827).

3.2.                Historique des recherches

La redécouverte des ruines sur le site de Compierre est faite, en 1824, par Mélines qui y entreprend des fouilles et des relevés, mais c’est en 1842 que les premières études sont publiées par J.-B. Boniard, son beau-frère. Les premières fouilles subventionnées sont conduites par G. Charleuf, en 1844 et sont suivies de deux autres campagnes. La seconde en 1845 sous la direction de Barat et Duvivier se concentre sur le théâtre et la nécropole. En 1851, Baudouin identifie la motte castrale au nord du site.

La fin du XIXe et le début du XXe siècle sont marqués par de nombreux pillages et fouilles clandestines qui s’ajoutent aux récupérations de toutes sortes ultérieures à la redécouverte du site.

Ce n’est qu’à partir de 1937 que de nouvelles fouilles sont entreprises dans le quartier qui deviendra par la suite « Les caves des Maiges » par le Dr L. Coursier sur une parcelle qu’il avait acquise afin de mener des investigations archéologiques. Il mène des fouilles jusqu’en 1950, ces dernières revêtent pour la première fois un caractère scientifique et concernent le quartier des caves des Maiges et le forum. J. Palet prend ensuite la relève en menant des fouilles qui se concentrent dans le quartier du forum qui est ensuite restauré. 1969 est marquée par la création de l’Association des Amis de Compierre. En 1970, J.-B. Devauges met en place un carroyage qui couvre aujourd’hui la quasi-totalité de l’agglomération grâce à des ajouts successifs au cours des études suivantes. Ce carroyage se compose de carrée de 50m de côté et est orienté selon les points cardinaux, l’origine de ce découpage est le centre de la cella du temple, chaque carré est ensuite divisé en segment. Ce système a permis de référencer d’une manière assez précise les découvertes et les trouvailles faites à partir de 1970. L’implantation étant faite au fur et à mesure, la numérotation des carrés est donc discontinue. Les fouilles de J.-B. Devauges sont les premières fouilles scientifiques sur le site de Compierre même si les fouilles de J. Palet de 1961 à 1968 étaient rigoureuses et assez bien documentées. De 1970 à 1974, il mène des recherches sur la façade est du forum. De 1974 à 1977, la maison du boucher-charcutier est mise au jour.

À partir des années quatre-vingt, il n’y a plus de programme de fouille mais uniquement des relevés systématiques et quelques sondages de reconnaissance, c’est alors que la nécropole est localisée et une officine de potier découverte. En 1979 et 1980, M.-C. Baynac et J. Cazauran réalisent un sondage au niveau de la voie antique. À partir de 1982 un relevé systématique des structures visibles du théâtre et de sa topographie est réalisé par M. Bonneau, corrigeant ainsi le plan existant du théâtre. Les dernières fouilles datent de 1989.

Mis à part le travail de Quentin Guérin, en 2004, sur les agglomérations de la Nièvre et sa rédaction d’une notice sur le site de Compierre, la maîtrise d’Hélène Aussarresse-Bonneau, en 1987, reste une référence synthétique des connaissances concernant Compierre, car peu de travaux ont finalement été menés après 1987.

En 1986, l’Etat est propriétaire d’une grande partie du site, ce qui est actuellement toujours le cas, seuls quelques vestiges à l’Est sont encore sur des terrains privés, l’entièreté des vestiges est aujourd’hui inscrite aux Monuments Historiques.

4.    Organisation spatiale

4.1.                Voirie

La voie principale venant d’Autun-Augustodunum au sud et reliant Entrains-sur-Nohain- Intaranum en partant vers le nord structure l’agglomération. Cette voie antique est unique pour la partie sud de l’agglomération, mais elle se divise en deux axes au niveau d’une bifurcation en forme de patte d’oie, elle désert alors les côtés est et ouest de l’agglomération en passant de part et d’autre du forum. La chaussée était encadrée de trottoirs bordant les habitations et mesure en moyenne 8 mètres de large. L’agglomération s’organise donc de part et d’autre d’un axe de communication assez important. Elle comporte également un réseau de rues plus ou moins régulier.

4.2.                Habitat privé

Des îlots sont définis dans les quartiers d’habitations démontrant une organisation de l’espace qui se construit alors par la présence de rues, ruelles et ambitus, l’organisation ne respecte cependant pas un plan orthonormé.

Les fouilles qui se sont faites depuis le XIXe siècle permettent de définir de manière assez précise des quartiers entiers et de déterminer la zone d’habitat. Elles laissent présumer la présence d’un étage pour certains habitats. La plupart sont divisés par des ambitus et sont ouverts sur la rue en se développant perpendiculairement à l’axe principal.

Les quartiers fouillés regroupent généralement des habitats et des zones d’artisanat, c’est le cas du quartier du Tilleul, de la maison du boucher-charcutier et des « caves » des Maiges par exemple.

4.2.1.  Le quartier Mélines

Le quartier s’organise en terrasses à environ 150 mètres au sud du forum. Des fouilles anciennes ont eu lieu dans cette zone. Les bâtiments sont de forme rectangulaire et de dimensions variables mais assez importantes : entre 14 et 33 mètres par 7,40 à 10,60 mètres. C’est dans ce quartier que l’ont été retrouvées quatre statuettes en bronze par G. Charleuf, en 1843. Les bâtiments sont orientés est-ouest à l’ouest de la voie.

4.2.2.  Le quartier du Tilleul

Ce quartier se trouve au sud de l’agglomération. Deux types de constructions sont présents ici : trois bâtiments de grandes dimensions qui semblent être dédiés à l’artisanat ou au stockage et une zone d’habitat qui ressemble à ceux du quartier Mélines.

4.2.3.  La maison du « boucher-charcutier »

Ce bâtiment se trouve 100 mètres au sud du forum, à l’est de la voie. Il mesure 10,7 mètres par 8 mètres, n’est pas pignon sur rue, possédait un étage et n’est pas cloisonné. Dans l’angle sud-ouest une construction maçonnée est assimilée à un fumoir comme à Augst (Suisse) par exemple. De nombreux os d’animaux présentant des traces de débitage et de découpe ont été retrouvés dans le puits présent dans la galerie est de la maison. Ils attestent, avec le fumoir, d’une activité artisanale liée à la viande. Les espèces présentes sont principalement issues de l’élevage, et adultes, leurs proportions varient en fonction des époques : bœufs, porc, mouton, cheval, chien et poulet. Une galerie est présente sur le pourtour du bâtiment, un caniveau traverse la cour.

4.2.4.  La maison du forgeron

L’habitat principal mesure 15 mètres par 12 mètres, il se compose de six pièces disposées de part et d’autre d’une pièce principale. Des outils oxydés et inidentifiables et un foyer ont été trouvés, cette aire a été identifiée comme une forge lors des fouilles de 1845. Lors de la reprise d’un sondage en 1985, les nouveaux fouilleurs ont identifié ce lieu comme une officine de potier, en raison du mobilier retrouvé : des ratés de cuisson de céramique commune datée entre 150 et 180 ap. J.-C.

4.2.5.  Le quartier des Maiges

À l’ouest du forum un autre quartier d’habitat a été identifié. Il s’agit d’une série de bâtiments organisée par la voie principale passant à l’ouest du forum, une plate-forme a été aménagée pour installer le quartier. Un bâtiment de 40 mètres de long par 12 de large est compartimenté en plusieurs pièces, parmi les caves identifiées par le Dr L. Coursier, seule la « cave aux niches » semble en être réellement une.

4.3.                Bâtiments et espaces publics

4.3.1.  Le fanum

Ce fanum constitue le principal édifice conservé de l’agglomération antique, il se trouve au milieu la place principale, légèrement décalé par rapport à l’axe central. La cella possède un parement externe octogonal alors que le parement interne est circulaire, la galerie est également de forme octogonale. Il est construit en petit appareil de grès régulier bien maçonné. Les sols de la cella et de la galerie étaient en béton blanc. Les dimensions sont de 21 mètres pour la galerie au plus large et 8.8 mètres pour le diamètre interne de la cella. Un escalier faisait la jonction entre le niveau de sol du temple et celui du forum qui présente un dénivelé de un mètre. La dédicace et la datation sont inconnues en raison de l’absence de mobilier ou de documentation de fouilles anciennes, mais les blocs architecturaux trouvés aux alentours immédiats laissent penser à une construction de qualité et un lieu de culte relativement important.

4.3.2.  « Le forum »

Une place est présente au centre de l’agglomération, longtemps considérer comme un sanctuaire, cette place possède néanmoins les caractéristiques d’une place publique au sein d’un habitat groupé. Elle est orientée est-ouest, présente une forme approximativement parallélépipédique et mesure environ 65 mètres par 40 mètres. La façade est est aménagée en abside et des boutiques ouvraient sur la rue qui était bordée par un portique. C’est à l’angle extérieur sud-est qu’a été identifié un atelier de tabletterie, il semblerait, étant donné la place disponible entre la place et les bâtiments autour que d’autres ateliers et boutiques pouvaient se trouver tout autour. Les côtés sud, ouest et nord sont agrémentés de galeries à portiques. Une canalisation traverse la place en partant de l’entrée de la cella du temple et se dirigeant vers le Nord de la place, nous ignorons le sens de la pente de cette canalisation aujourd’hui comblée. Un escalier est connu à l’angle sud-est. Les axes routiers s’organisent de part et d’autre de cette place et ont influencé sa forme au cours du temps.

4.3.3.  Le théâtre

Le théâtre, de 72m de diamètre, pouvait accueillir de 3 000 à 5 000 spectateurs. Il se trouve au sud de l’agglomération et s’appuie sur la colline. Aujourd’hui, la dépression du terrain est le marqueur le plus flagrant de la présence d’un théâtre à Compierre. Ce théâtre a été dégagé pour la première fois lors des fouilles de 1845 par Barrat et Duvivier. Il mesure 37 m de rayon, le centre se trouve au milieu de l’orchestra qui fait 12 m de diamètre. Il est construit en blocs de grès durs pour les fondations de la cavea alors que du grès tendre a été utilisé pour les éléments architecturaux. Il semblerait que la cavea ne soit pas maçonnée et que les gradins étaient donc en bois. Le mur extérieur est renforcé par des contreforts. Les vomitoria que l’on retrouve dans les théâtres antiques sont absents ici, l’entrée se faisait donc par trois portes dans la centrale donnait sur la voie antique. Le théâtre s’appuie à flanc de colline et le dénivelé ne dépasse pas les 10 m. Le relevé indique une assez bonne précision des plans du XIXe siècle pour le théâtre.

Un bâtiment rectangulaire de 28,6 m par 16.2m est présent au sud du théâtre, il le long de la voie antique.

4.4.                Nécropole

La nécropole connue se trouve à l’extrémité sud du site, elle se développe de la voie partant en direction d’Autun-Augustodunum, à 150 m environ du théâtre, à l’ouest de la voie et sur une centaine de mètres. Son emplacement précis n’est connu que depuis 1984 et la réalisation de relevés et de sondages réalisés afin de confirmer les découvertes de Barrat et Duvivier en 1845. Des fragments de stèles funéraires ont été retrouvés, dont certaines de taille assez importante et aux décors variés, les inscriptions connues ne le sont que partiellement. Lors des fouilles plus récentes, des fragments de monuments funéraires ont été ramassés. La nécropole est une zone de l’agglomération mal connue, le nombre de sépultures, leur repartions ou même son importance sont ignorés.

4.5.                Digues

Deux digues, espacées d’une centaine de mètres, sont présentes au sud du théâtre. Elles ont été pensées comme antiques par le Dr L. Coursier mais il semblerait que des matériaux de réemplois antiques soient utilisés pour leurs constructions, elles pourraient donc être beaucoup plus récentes.

4.6.                Le fortin

An nord de l’agglomération sur le côté est de la voie se trouve le fortin. C’est un bâtiment de plan carré entouré de fossés cernés par des levées de terres. L’ensemble mesure une quarantaine de mètres de côté et revêt un caractère défensif. La chronologie n’est en revanche pas clairement connue, un peu de mobilier, autre qu’antique, datant du Xe ou XIe siècle a été ramassé en surface.

Des vestiges sont visibles dans le pré aux abords du fortin, ils seraient des éléments d’une basse-cour associée au fortin à l’époque médiévale.

5.    Nature de l’occupation et pertinence des éléments de caractérisation

5.1.                Artisanat

La présence d’activités productives possédant un rayonnement extérieur n’est pas certaine, il se trouve sur le site de grosses quantités de scories qui semblent attester la présence d’ateliers de réduction du minerai de fer, rappelons que la région est riche en oolithes ferrugineuses et que des amas de scories de fer sont observés au sud de l’agglomération. Il pourrait s’agir de marqueur de la présence d’ateliers de forge.

Les travaux de J.-B. Devauges ont mis en évidence des indices du travail du bronze dans un état antérieur de l’atelier de tabletterie. En effet, des creusets, un moule et des scories de bronze en attestent, mais la localisation précise d’un potentiel atelier n’est pas connue. De même les fouilles de la maison dite du « boucher-charcutier » ont livré près de trois cents fragments représentatifs de l’ensemble de la chaîne opératoire du travail du bronze au nord de la cour.

Le travail de l’os est attesté par l’abondance du mobilier osseux retrouvé dans la boutique à l’est du forum. Les os retrouvés sont travaillés ou en cours de façonnage et retracent, ici aussi, l’ensemble de la chaîne opératoire du travail d’un artisan tabletier.

La production céramique est attestée dans l’officine de potier par la présence de céramiques communes et de nombreux ratés de cuissons datés entre 150 et 180 ap. J.-C.

5.2.                Habitat domestique

Les habitats s’organisent en fonction des axes de communication, ne présentant donc pas d’homogénéité dans leur orientation, ils sont souvent pignons sur rue. Les bâtiments sont plus espacés après la bifurcation de la voie. Dans l’ensemble, les habitats sont constitués d’une pièce principale al­longée et sont plus ou moins cloisonnés. L’opus vittatum semble privilégié. Des galeries couvertes extérieures ou bien des traces de présence d’un étage comme un départ d’escalier sont connues pour certaines habitations. Les sols sont revêtus de diverses manières : plancher, terre battue, dalle de grès ou béton de sols, des hypocaustes sont également connus. Des traces d’enduits peints ont été retrouvées sur les murs de certains habitats. Des caniveaux permettaient le drainage des eaux.

5.3.                Domaine religieux et domaine public

Les bâtiments de la façade est de la place publique et les murs du temple semblent avoir été plaqués de marbres et de stucs.

6.    Chronologie et critères de datation

En l’absence de fouilles récentes, seules les données issues de la documentation plus ou moins ancienne vont permettre ici d’avoir des arguments concernant la chronologie de l’occupation du site de Compierre. Le site de Compierre est occupé de l’époque gauloise jusqu’au IVe siècle. Il y aurait au moins trois périodes d’occupation à Compierre. Malgré la quantité très importante de documentation, la qualité et la quantité de l’information concernant la chronologie du site de Compierre varient grandement en fonction des fouilles et de leurs époques. Ce n’est que dans les années 1970 qu’une chronologie précise est établie bien que des stratigraphies relatives plus ou moins datées sont faites depuis les fouilles menées par Mélines et Boniard. J. Palet, dans les années soixante, ne fait pas mention de datation.

Les monnaies sont datées entre le Ier siècle après J.-C. et le IVe siècle mais elles ne souvent pas reliées à un contexte. Ce sont néanmoins elles qui fournissent le plus d’informations de datation aujourd’hui. D’une manière générale les monnaies gauloises représentent une faible part des monnaies découvertes sauf pour le « forum », le IIIe siècle, lui, est fortement représenté, ces différences peuvent n’être que le reflet d’effets dus aux fouilles.

6.1.                La Tène

Quelques potins ont été trouvés sur le site lors de fouilles anciennes au niveau du « quartier Mélines », ainsi que de la céramique commune préromaine.

Les fouilles plus récentes menées sur le forum par J.-B. Devauges ont livré un nombre significatif de monnaies gauloises.

6.2.                Haut-Empire

Dans le « quartier Mélines » des monnaies flaviennes ont été retrouvées.

Une fibule de la Tène D2 est identifiée aux « caves des Maiges » mais elle se trouve dans une couche où de la céramique sigillée de Lezoux et de La Graufesenque et des monnaies impériale ont également été retrouvée.

Les fragments d’amphores Dressel I présentent dans les « Caves des Maiges » sembles être utilisées en remploi car elles sont associées à des Dressel 20 datées des IIe et IIIe siècles.

L’atelier de tabletterie semble connaître une occupation continue du Ier siècle au IVe siècle en raison de monnaies retrouvées, cependant peu d’informations concernent les IIe et IIIe siècle, le sol semble avoir été nettoyé minutieusement à ces époques.

La maison du boucher-charcutier connaît quatre époques d’occupation continues du Ier au IVe siècle.

6.3.                Bas-Empire

Dans le « quartier Mélines » des monnaies du Bas-Empire sont retrouvées associées à des constructions de moindre qualité liées par de la glaise. Des monnaies de Tetricus ont été retrouvées aux « Caves des Maiges »

La façade est du « forum » semble plus tardive, que le reste de la place, en effet des monnaies du Bas-Empire sont été retrouvées alors que des monnaies du Ier siècle sont découvertes dans les portiques et la place en elle-même.

6.4.                Haut Moyen Age

Lors des dernières explorations sur la nécropole de Compierre, des sarcophages qui ont été identifiés comme des productions de l’époque mérovingienne, déplaçant ainsi le terminus post quem de l’occupation de l’agglomération plus tard. C’est le seul indice, ténu et incertain, d’une occupation si tardive.

6.5.                Synthèse sur la dynamique d’occupation

L’origine de l’agglomération de Compierre semble être gauloise bien que pour certains les éléments de caractérisation de l’époque Laténienne sont trop peu nombreux pour en attester. L’implantation aurait alors eu lieu vers le milieu du Ier siècle av. J.-C., l’importance et la nature de cette implantation précoce ne sont cependant pas connues.

Le développement de l’agglomération est rattaché à plusieurs éléments en fonction des chercheurs. La présence de plusieurs axes routiers, la fonction religieuse ou bien le travail du fer ont été suggérés. Le développement semble en effet lié à la fois à la place de l’artisanat, son emplacement d’un point de vue routier, la voie Autun-Orléans prenant de l’importance dès le Ier siècle, et à son lieu de culte. Le IIe siècle est la période la plus prospère pour l’agglomération, son activité artisanale (bronziers, tabletier, boucher-charcutier, potier, forgeron, exploitation du fer) semble être une raison prépondérante du développement de l’agglomération. Ce serait la fin de cette activité qui serait, en partie, à l’origine du déclin de l’agglomération, en lien ou non avec le contexte historique. Trois niveaux de destructions sont observés dans le « quartier Mélines », deux incendies ont eu lieu à l’époque gauloise et au Haut-Empire et une destruction a eu lieu du IIIe – IVe siècle. L’absence de mise en relation des différentes stratigraphies observées à différents endroits du site ne permet pas de généraliser les informations de chronologie, ainsi le déclin de l’agglomération qui a lieu à partir du III siècle trouve sa source, selon les dirigeants des fouilles, dans la période d’instabilité du IIIe siècle que connait l’Empire romain. L’abandon du site antique aurait, quant à lui, lieu à la fin du IVe siècle.

Le site ne semble pas avoir été occuper de nouveau avant le Xe siècle environ et l’installation du fortin et d’une basse-cour au Nord. L’abandon définitif du site de Compierre intervient au XIIe siècle.

L’agglomération antique de Compierre dispose d’un centre public et religieux assez important et largement orné, il semble donc qu’elle revête des fonctions diverses de centre économique, social, religieux, administratif, religieux et juridique et devait avoir une certaine importance régionale. La fonction commerciale et artisanale, notamment avec le travail de métal, semble donner à l’agglomération un rôle de pôle commercial. Les produits locaux sont alors redistribués à plus grandes échelles.

7.    Perspectives de recherche

Le plan de l’agglomération est en grande partie connu, l’établissement d’un S.I.G. permettrait de mettre en relation les plans obtenus depuis les premières fouilles dans les années 1820 et d’établir un plan global de l’agglomération qui pourrait alors être mis en lien avec les différentes découvertes faites sur la totalité du site et qui est localisée grâce au carroyage mis en place en 1970.

La masse documentaire est colossale, M. Bonneau a rassemblé une grande partie de la documentation mais l’inventorisation de ces données reste à faire d’une manière plus universelle que ce qu’il existe actuellement. De plus quelques articles ou ouvrages doivent encore être numérisés. Ce travail est en cours.

Le mobilier issu des fouilles est essentiellement conservé au Musée de Clamecy, il est bien inventorié et rangé dans des caisses identifiées dans un garage, toujours grâce à M. Bonneau, de nombreux objets appartiennent à des descendants de fouilleurs du XIXe siècle comme la famille Coursier par exemple. Le travail actuel est encore une fois le tri et le rangement des données informatisées. Il faut réfléchir à la mise en place d’une base de données afin d’inventorier les découvertes et le mobilier. Face au manque d’élément datant les différentes phases d’occupations du site de Compierre, des études de mobilier pourraient être envisagées puisque peu d’études du mobilier ont été menées globalement, surtout pour les fouilles antérieures aux années 1970, hormis les monnaies étudiées par J. Meissonnier et M. Bonneau. Les activités artisanales semblent importantes sur le site de Compierre, notamment la métallurgie, nous disposons de peu de connaissances sur les « ferriers » au sud de l’agglomération, des recherches dans cette zone pourraient être pertinentes pour déterminer l’importance de cette activité. Des prospections pédestres pourraient également être envisagées afin de procéder au ramassage des nombreux éléments se trouvant à la surface qui permettraient de déterminer rapidement des datations par zones et d’obtenir des informations quant à la nature des zones non fouillées.

Concernant de nouvelles acquisitions sur le site, des prospections géophysiques magnétiques sont prévues dans les pâtures à l’ouest de l’agglomération où des structures ont été identifiées récemment par photographies aériennes afin d’en déterminer les plans. L’agglomération antique est entièrement conservée en sous-bois et le site n’as pas été réoccupé depuis le XIe siècle, ainsi une acquisition Lidar permettrait de conforter les plans actuels, de définir clairement les limites de l’occupation et de comparer les résultats obtenus avec les données de terrains acquises depuis deux siècles.

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Conseil Général de la Nièvre 1996

CONSEIL GENERAL DE LA NIEVRE – 30 ans d’archéologie dans la Nièvre, catalogue d’exposition, Conseil Général de la Nièvre, Nevers, 1996

Coursier 1948

COURSIER (L.). – Les fouilles de Compierre près de Saint-Révérien, Annales de Bourgogne, Dijon, t. XX, 1948, p. 65-67.

Coursier 1949

COURSIER (L.). – Une visite aux ruines de Compierre, Bulletin de la Société Scientifique et Artistique de Clamecy, 3ème série, no 25, Clamecy, 1949, p. 55-67

Coursier 1950

COURSIER (L.). – Une visite aux ruines de Compierre, Bulletin de la Société Scientifique et Artistique de Clamecy,  no 26, Clamecy, 1950, p. 63-74.

Devauges 1971

DEVAUGES (J.-B.). – Compierre (Niévre). Rapport de fouille, S.R.A. Bourgogne. 1970.

Devauges 1972

DEVAUGES (J.-B.). – Champallement, lieu-dit Compierre. Rapport de fouille, S.R.A. Bourgogne. 1972.

Devauges 1973a

DEVAUGES (J.-B.). – Champallement 1972, lieu-dit Compierre, Annales des Pays Nivernais, Editions la Camosine, Nevers, no 4-5, 1973, p. 28-35.

Devauges 1973b

DEVAUGES (J.-B.). – Champallement : Compierre. Rapport de fouille, S.R.A. Bourgogne. 1973

Devauges 1974a

DEVAUGES (J.-B.). – Champallement : Compierre. Rapport de fouille, S.R.A. Bourgogne. 1974

Devauges 1974b

DEVAUGES (J.-B.). – Informations archéologiques, Gallia, tome XXXII, 1974, p. 440-441.

Devauges 1975

DEVAUGES (J.-B.). – Près du temple, un atelier de tabletier, Annales des Pays Nivernais, Editions la Camosine, Nevers, no 10-11, 1975, p. 18-24.

Devauges 1976

DEVAUGES (J.-B.). – Informations archéologiques, Gallia, tome XXXIV, 1976, p. 453-454.

Devauges 1977

22 – DEVAUGES (J.-B.). – Le vicus gallo-romain de Compierre, Annales des Pays Nivernais, Editions la Camosine, Nevers, no 17-18, 1977, p. 11-18.

Devauges 1979                                                                                                                   

DEVAUGES (J.-B.). – Informations archéologiques, Gallia, tome XXXVII, 1979, p. 450.

Guérin 2004

GUERIN (Q.). – Les agglomérations secondaires de la Nièvre, Mémoire de maîtrise, Université de Paris Sorbonne, Paris IV, 2004, 306 p.

Haris 1939

HARRIS (E.). – Communication de H. Harris à l’Assemblée de la Société des fouilles archéologiques de l’Yonne, à Saint-Père le 18 septembre 1938, Mémoire de la Société Académique du Nivernais, tome XXXXI, 1939, p, 11-16.

Meissonnier 1939

MEISSONNlER (J.). – Le théâtre gallo-romain d’Entrains (Nièvre), fouilles de 1977 et 1979, Annales des Pays Nivernais, Editions la Camosine, Nevers, no 27-28, 1980, p, 12-16.

Palet 1961

PALET (J.). – Sanctuaire de Compierre (commune de Champallement, Nièvre), première campagne de fouille, 1961, rapport préliminaire, Rapport de fouille, S.R.A. Bourgogne. 1961.

Palet 1962

PALET (J.). – Sanctuaire de Compierre (commune de Champallement, Nièvre), deuxième campagne de fouille, 1962, rapport sommaire, Rapport de fouille, S.R.A. Bourgogne. 1962.

Morgane Jal

Illustrations Compierre